Après neuf longues années de silence, l’iconique formation de death metal expérimental Job For A Cowboy fait son grand retour. Et le successeur de Sun Eater se nomme Moon Healer et se veut la digne suite de ce dernier.
Mais alors pourquoi une telle attente entre ces deux albums ? Jonny Davy (chant) explique “j’ai dû prendre du recul vis-à-vis du groupe pour des raisons familiales. C’est l’élément déclencheur qui a fait que nous avons tous suivi des chemins différents. La paternité pour certains, d’autres projets musicaux ou des diplômes universitaires voire même des carrières en dehors de la musique pour d’autres. Autant de choses qui étaient alors au centre de nos vies et qui devaient être notre priorité. Le groupe a donc décidé d’entrer en hiatus. Mais pour autant nous n’avions jamais fermé la porte à un retour de Job For A Cowboy. Puis un jour, tous les éléments se sont réunis pour que nous recommencions à composer ensemble et il était grand temps de franchir le pas vers quelque chose de nouveau.”
Moon Healer est la parfaite illustration de ce qu’il se passe lorsque la créativité, l’agressivité et la versatilité de Job For A Cowboy s’entrechoquent de nouveau pour la première fois depuis des années. À l’instar de son prédécesseur Sun Eater (2014), Moon Healer est un album conceptuel, brutal et surtout protéiforme. Mieux : Moon Healer reprend les choses exactement là où Sun Eater les avait laissées. Le tout avec un line-up quelque peu remanié comprenant désormais le chanteur Jonny Davy, les guitaristes Tony Sannicandro
Plus cohérent, plus conceptuel, plus confiant et plus imposant, Moon Healer est aussi cryptique qu’elliptique. Une volonté qu’illustrent parfaitement les singles “The Agony Seeping Storm” et “The Forever Rot”. Le premier mélangeant death metal, riffs non conventionnels et schémas de composition presque mathématiques alors que le second repose sur une mélodie solitaire et entêtante avant d’évoluer vers quelque chose de plus classique. En d'autres termes, oubliez vos perceptions préconçues de ce qu'était ce groupe : Job For A Cowboy ira toujours à l’encontre de celles-ci.
"L'évolution de notre son est devenue un élément important du groupe", explique Davy. "Au fur et à mesure que nous mûrissons en tant que musiciens, nos goûts et nos intérêts s'élargissent naturellement. L'âge apporte plus d'expérience et des idées que nous n'aurions pas envisagées dans nos premières années.
La plupart des groupes se sont retrouvés à un moment ou à un autre dans la situation de devoir respecter des délais stricts, ce qui n'a pas été le cas de Moon Healer. Nous avons commencé à poser les bases de cet album en 2018. Étant aussi occupés que nous l'étions dans la vie, nous avons fait en sorte d’avancer lentement mais sûrement. Ce rythme lent nous a donné nettement plus de temps pour analyser et disséquer ce que nous faisions, ce qui a contribué à faire un meilleur album. Pour moi, c’est comme si ce disque était né dans les confins mystiques du laboratoire d'un alchimiste oeuvrant dans le death metal. La musique agit comme une potion puissante, induisant des voyages hallucinogènes qui dévoilent les secrets de l'univers."
Moon Healer est d’ailleurs la deuxième partie d'un concept sombre et surréaliste commencé avec Sun Eater en 2014 (d'où ce " travail inachevé " que le groupe avait besoin de terminer). Moon Healer offre une nouvelle perspective au protagoniste de son prédécesseur. Plutôt que de sombrer dans la folie, le personnage atteint ici la transcendance par le biais d'un traitement chimique.
“Le concept de l’album a été inspiré par l'un de nos amis proches qui s'est lancé dans une quête acharnée de l'illumination divine par l'abus incessant de drogues hallucinogènes. Cependant, au fur et à mesure, qu'il s'enfonçait dans ces expérimentations, il a commencé à présenter des troubles bipolaires et schizophréniques. Il en est venu à croire que, en consommant ces substances, il pouvait accéder à une réalité alternative et ésotérique dans laquelle il rencontrait des personnages bibliques. Cette chanson reflète ses pensées, ses idées et ses expériences." (Jonny Davy, chant)
Davy crée ici des métaphores d'un autre monde qui rappellent Edgar Allan Poe, H.P. Lovecraft et Aleister Crowley, en combinant écriture psychologique et éléments philosophiques. Rien d’étonnant donc à ce que “The Agony Seeping Storm” fasse référence à la Table d'émeraude (texte mythique fondateur de l’alchimie et attribué à Hermès Trismégiste) ou au philosophe Carl Jung tandis que “Beyond The Chemical Doorway” évoque le gnosticisme (croyance selon laquelle les êtres humains contiennent en eux une part de Dieu, qui est tombée du monde immatériel dans le corps des humains).
Pour l’enregistrement, le groupe s’est rendu à Sanford en Floride, plus précisément au Audiohammer Studios en compagnie du producteur Jason Suecof (Death Angel, Black Dahlia Murder, Deicide). "Jason Suecof a une oreille surnaturelle qui lui permet de trouver le potentiel caché dans la musique. Nous avons de nouveau fait appel à Jason pour une multitude de raisons. Mais la plus évidente est qu'il est un auteur-compositeur, un guitariste et même un chanteur hors pair. Il a un don pour les idées que très peu de gens semblent avoir. Il comprend parfaitement le point de vue de notre groupe." (Jonny Davy - Chant)
Moon Healer est aussi le premier album de Job For A Cowboy auquel participe Navene Koperweis (
Moon Healer tracklisting:
1. Beyond the Chemical Doorway
2. Etched in Oblivion
3. Grinding Wheels of Ophanim
4. The Sun Gave Me Ashes So I Sought Out the Moon
5. Into the Crystalline Crypts
6. A Sorrow-Filled Moon
7. The Agony Seeping Storm
8. The Forever Rot
Line-up
Jonny Davy (Chant)
Al Glassman (Guitare)
Tony Sannicandro (Guitare)
Nick Schendzielos (Basse)
Navene Koperweis (Batterie)
