interview

Ravage Club
Rencontre avec Vinz Lio, et Claudia Crèvecoeur de "Ravage Club" pour la sortie de leur éponyme ce vendredi 31 Mai. Un groupe de rock atypique, duo en studio, et quatuor sur scène. Des textes pleins de poésies sur une musique rock, déjantée, hyper énergique. Un geoupe à découvrir et surtout à suivre.


Salut à vous. On va faire un peu connaissance, qui êtes-vous ?
C: On s'est rencontré à Boulogne sur Mer et on s'est mis à faire de la musique ensemble. Et ensuite on est allé à Lille.
V: On avait 14 et 16 ans, ça fait un bail !!
C: Vincent il est chant, guitare et s'occupe de la musique. Moi, c'est chant, basse et beaucoup les paroles. On a rencontré notre guitariste, Hugues, à Lille. Et Vincent Hernault, qui est de Calais, le batteur de Lofofora. 
V: Hugues est un alchimiste qui manie les effets, qui bosse la guitare comme pas possible. Et l'autre, le "Dave Grohl" du Pas de Calais (rire), un mec simple comme tout qui a apporté une dynamique.
C: Voilà, Ravage Club un groupe de rock qui chante en français.
V: Voilà. On a changé notre nom et récupéré notre langue juste après le confinement.

Duo pour les compos, mais quelques concerts acoustiques en duo ou pas du tout ?
C: On en a fait beaucoup à deux avec une boîte à rythmes avant de rencontrer les loulous. Ça peut encore se faire, mais c'est moins marrant. 

Pourquoi ce nom de Ravage Club ?
C: Après le confinement, on a changé de nom parce qu'on se mettait au Français. Et je lisais un bouquin qui s'appelle "Ravage" de Barjavel. On adore, car il a du piquant et du panache.  
V: Et puis "Fight Club, qui est un film référence pour nous. Et c'est au moment où on sortait de ces années où on était à deux dans notre cave, où on a un entourage pro qui s'est ramené, mais surtout, avant, nos musiciens, donc ça commençait à devenir un "Club". 
C: Et puis Ravage et Club sont deux mots qui peuvent se dire dans les deux langues, français et anglais. Et comme on tient encore à assumer nos influences anglaises et américaines, grunge, punk et compagnie. Ravage Club, c'était parfait.

Oui, toujours ce côté un peu borderline, on flirte un peu avec le côté anarchiste aussi. 
C: Oui, un petit peu. C'est comme ça qu'on surnomme notre chien "L'anarchiste" (rire).

Vous avez déjà eu plusieurs groupes où vous chantiez en français, puis en anglais, et finalement vous revenez au Français. C'est plus facile pour exprimer vos textes et vos idées ?
C: On chantait qu'en anglais, puis après qu'en français, on n'avait pas expérimenté ça que de faire les deux.
V: Même si on met un peu d'Anglais dans les titres, on est passé de l'un à l'autre.
C: Ca a été beaucoup de travail pour trouver cet accord entre le rock qui sonne à l'Anglaise, et à notre langue, un peu lourde. Beaucoup de travail pour allier les deux. Mais une fois qu'on a compris ce qu'on voulait, ça a été plus facile parce que c'est notre langue. J'écris beaucoup en français, même à côté du groupe, donc j'arrive mieux à exprimer ce que je ressens. Ça sort directement du cœur. 
V: Et ça nous a permis d'être plus nous-même. Elle, elle a toujours été bercée par les bouquins, c'est ce qui la définie initialement. Donc ça aurait été dommage de réduire le chant du vocabulaire, des expressions et de tout ce que l'on peut signifier. 

Je lisais que le fait de chanter en français, vous avez libéré. De quoi, vous pouviez enfin vous exprimer plus "librement", dans le sens liberté de dire ce que l'on ressent.
C: Oui, je pense. Je me sens plus épanouie en tout cas. On est plus nous et c'est assumé.

Vous êtes présentés comme un groupe un peu "Punk Poète", ça vous convient comme définition ?
C: Oui ça nous convient.
V: Pourquoi pas. Mais si on le dit trop vite ça fait "Pouet Pouet" (rire). 

Le Punk peut-il être poète ? Je pense ça, car votre musique est un peu borderline, mais les textes très précis, imagés.
C: C'est vrais, tu as raison. Le punk est existentialiste, il peut aussi être poète s'il le veut. 

Musicalement, on parle de Punk, mais aussi du rock anglais, des fois, c'est un déjanté, bref difficile de vous mettre une étiquette ?
C: Déjanté, c'est pas mal. 
V: Oui, déjanté, moi, j'aime bien. 
C: C'est quelque chose d'assez viscéral en tout cas. Ça représente vraiment ce que l'on est. Il n'y a aucun calcul dans la musique qu'on propose. Ça sort vraiment de nos tripes. 

Vous êtes un groupe de scène, vos compos sont faites pour ça ?
C: Pas tant que ça en fait. 
V: Non pas vraiment. On considère que le live, c'est le live et le studio, le studio. Donc on travaille différemment en fonction. En studio on travaille beaucoup sur les paroles et sur bien faire sonner la musique pour avoir de bonnes pop-song à écouter. 
C: Et après, on lâche les chiens sur scène. 
V: C'est ça. Ce n'est pas du tout le même exercice. 
C: Et vu qu'on fait toujours un rock assez brut, ça passe toujours sur scène. 

L'apport des deux autres musiciens sur scène est très important, je suppose ?
C: Oui. Par leur jeu, ils mettent vraiment leurs pattes sur ce qu'on écrit et ce qu'il peut y avoir du côté bridé de la version studio, ils le font exploser en live. 
V: Ils sont parfaits parce qu'ils comprennent les idées initiales, et ils les font vivre. Hugues, l'alchimiste des effets, arrive à faire passer un stade supérieur à ce qui avait été défini. Ils mettent une surcouche supplémentaire si tu veux. Pas dans la composition, mais plus lors du jeu avec leur façon de jouer. 
C: Et puis la scène, c'est là où on se sent le mieux. Qu'importe la forme physique ou morale, on donne toujours tout.

Vous avez l'air d'être très soudés ?
V: Oui. On a mis du temps à les trouver nos deux perles !! Et nous, on est ensemble depuis 17 ans, donc oui, on est très soudé. 

Est-ce que je me trompe, si je dis que vous êtes un groupe français, mais très "british" ?
C: Ah non pas du tout. C'est exactement ça. C'est du rock à l'anglaise, mais chanté en français. 
V: On pourrait même "british mais français".

Et aller en Angleterre, ce serait le top non ? En posant l'accent français sur cette musique, là-bas ?
C: Oui carrément. Plein de groupes qu'on écoute sont de là-bas. Des groupes émergeant. 
V: On adorerait ça de pouvoir faire le tour d'Angleterre avec nos chansons et notre musique. 

Quelles sont vos inspirations dans l'écriture de vos textes ? 
C: Mes poètes phare par rapport à quelque chose qui sonne musicalement sont Vian et Prévert. J'écoute pas mal de rap. Nekfeu surtout, dont j'admire la façon de toujours bien choisir ses mots avec précision. Ces phrases sont très musicales et rythmées. Les textes de Bashung aussi. Je me retrouve un peu dans cette façon d'écrire avec beaucoup d'images et de métaphores. Et puis aussi nos grands frères Deportivo. C'est un groupe qui nous a montré l'exemple dans la manière de faire un rock à l'anglaise. Où les paroles ont un fond de poésie, un peu surréaliste. Dans le rock français, il y a beaucoup de choses dites directement. Dans le punk français par exemple, ce sont tout de suite des paroles très contestataires, très directes, très politiques. Nous, on voulait quand même garder une part de poésie.   
V: Dans le fond, on a les mêmes valeurs, mais on les exprime différemment, moins directement. 

Comme je sais que tu écris beaucoup, est ce que ce sont tes paroles qui inspirent la musique ou pas spécialement ?
V: Les textes évoluent en fonction de la musique. 
C: Des fois j'écris un texte, mais on ne gardera qu'une phrase ou deux dans la chanson. En fonction de la mélodie de chant, on réécrit souvent. 
V: Moi, en fait pour composer, je tiens d'un ou deux mots-clés et je compose autour de ces mots. 
C: Un mot va donner une énergie à un riff et cela va donner le ton de la chanson.
V: En fait, on s'adapte continuellement.

Vous êtes passionnés de littérature, mais aussi de cinéma, je me trompe ? Ca vous inspire aussi pour vos chansons, mais surtout pour vos clips ?
V: Oui, beaucoup pour l'esthétique des clips. 
C: Oui, on aime bien ce genre sales gosses déjantés un peu cyniques sur le monde actuel. On essaie de faire quelque chose de constructif de l'intimisme. Ce n'est pas un cynisme anarchiste destructeur. C'est ce servir de la musique pour en faire quelque chose de constructeur.

Les couleurs jaune et noir sont vraiment omniprésentes, qu'est ce que cela représente donc ces couleurs ?
C: En général, on est toujours habillé en noir dans la vie. 
V: Et le jaune c'est la lumière de l'espoir dans le noir.
C: Et puis, ça dessine toute une cohérence esthétique avec ces couleurs qui reviennent.
V: Et puis cette dualité entre ombre et lumière. On aime bien ces ambiances un peu tamisées. 

Vous êtes un duo mais 4 sur scène, ce n'est pas compliqué de composer pour 2 et ensuite transposer pour 4 pour la scène ?
C: Non pas du tout. Car avec leurs talents et leurs expériences, ils cernent tout, tout de suite. Et ils arrivent à rendre les choses encore plus belles. 
V: Ils font vivre les chansons. Ils donnent de la dynamique. Ils permettent de faire ressortir ces idées pensées par peu de personnes et d'être le plus cohérent possible. 
C: Ils captent très vite l'énergie des morceaux, et ils savent la sublimer. 
V: C'est ça. La rendre vivante, la démultiplier. 

Vous avez joué avec beaucoup de très bons artistes et groupes, quelles expériences vous en avez tirées ? Est-ce que cela vous a aidé ?
C: Oui forcément. Ça nous a aidé humainement pour nous donner la flamme. Rencontrer des gens aussi exceptionnels, ça rend la vie beaucoup moins fade. Non pas que notre vie soit fade (rire). Mais c'est surtout que ce genre de rencontres fait partie de ce pour quoi on fait de la musique. Des gens qui t'inspirent.
V: On s'est aperçu que généralement, ce sont les plus grands qui sont les plus simples et qui nous ont donné de la confiance, de bons conseils.
C: Et avoir quelqu'un que tu admires qui croit un peu en toi, c'est valorisant et ça te donne confiance. 

Personnellement, je pense que ça va bien prendre au niveau du public, car vous faites partie de ce nouveau rock français, une nouvelle génération "déjantée", mais intelligente. 
C: Merci beaucoup, c'est très gentil.


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L&T le 01.06.2024
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