interview
Black Bomb A
30 ans de carrière cette année pour Black Bomb A qui est revenu avec un excellent et explosif nouvel album “Unbuild The World”. Retour sur ce nouvel opus, et sur une décennie de scène et de musique avec Sam et Poun…
Black Bomb A va fêter cette année ces 30 ans. Honnêtement, vous pensiez aller jusque là ?
P: Ce n’est pas qu’on espérait, mais, quand tu montes un groupe à 18 ans, tu veux que ça dure, tu t’imagines tout un tas de choses, mais tu ne penses jamais que ça va durer 30 ans. Tu te dis même que t’as pas envie d’être comme ces vieux musiciens…
S: Puis, finalement, tu y arrives (rire). Mais plus sérieusement, tu n’imagines pas tout ça.
P: A 18 ans, tu ne te projettes pas plus loin que ton slip (rire). Ce qui compte, c’est de jouer, de se défoncer sur scène et d'avoir des meufs !! Quand tu as 18 ans bien sûr (rire).
30 ans, ça fait long dans ce milieu, comment on tient ?
P: Ben, grâce à ça. La défonce et les meufs (rire). On tient avec la passion, et en changeant de line up de temps en temps (rire).
C'est votre huitième album, on ne va pas dire le plus abouti, car tous les derniers albums sont forcément les plus aboutis...
P: Oui, c’est ça, c’est l’album de la maturation (rire).
Mais, côté engagement c'est sans concession, plutôt violent même ?
P: Oui, c’est vrai. Mais on a toujours été comme ça. Et on essaie de pousser encore plus les curseurs de la violence, entre guillemets. Attention, pas la violence pour la violence. Mais pour le côté très énergique qu’on a sur scène. C’est ce qu’on veut essayer de retranscrire sur album. Et je pense qu’on est sur la bonne voie pour y arriver.
C'est un album que je trouve particulièrement dense, intense même, et peut être même plus “rageux” que les albums précédents ?
S: Je ne sais pas, c’est un peu dur d’avoir un jugement là-dessus, on ne se rend pas bien compte si c’est plus que les fois précédentes. On met toujours tout ce qu’on a dans nos albums.
P: Mais certainement oui. Ça fait 6 ans qu'on n'avait pas sorti d’albums, donc avec tout ce qui s’est passé, on avait sûrement quelque chose à sortir. Même si pendant ces 6 ans, on n’a pas glandé. On a essayé de composer. Pleins de morceaux qu’on a foutu à la poubelle parce qu’on ne sentait pas que c’était ça qu’on voulait sortir. Tandis que là, sur cet album, c’est vraiment ça qu’on voulait.
Où vous entraînez nous avec ce nouvel opus ?
S: Vers une nouvelle page de l’histoire du groupe. Une nouvelle facette ou une nouvelle page. Une évolution.
P: J’espère qu’il y a une évolution à chaque album. Comme je le disais avant, chercher cette puissance qu’on a sur scène. Et au niveau des textes, gratter sur d’autres sujets. Revenir avec un nouveau line up pour présenter une nouvelle mouture, un nouveau show.
Et au niveau des thèmes abordés ?
P: Des thèmes de société. Tu sais, on est des éponges. On ne va pas te raconter des histoires de dragons ou de princesses. Il n’y en a pas dans ce qu’on vit (rire).
Je suppose que comme pour les précédents, cet album a été pensé pour la scène ?
P: Quand on compose en studio, on se dit que le morceau doit tenir la route. Donc, oui, c’est exactement ça, on écrit pour la scène.
Les textes sont percutants, malheureusement la ou plutôt les situations font qu'il y a de quoi "rager" en permanence. Ce n'est pas un peu usant de se dire que rien ou quasiment rien ne change ? Même si vous, ça vous permet d'avoir des sujets ?
P: Ça va bien finir par rentrer au bout d’un moment. Même si je n’en suis pas sûr (rire). C’est vrai que depuis 30 ans, on répète la même chose, mais nous on a besoin de ça. C’est une sorte de thérapie. On a besoin de revendiquer certaines choses au niveau des textes et de notre musique.
C’est un exutoire ?
P: C’est exactement ça. Un exutoire. On a besoin de se lâcher, de sortir tout ça.
Pour les voix, pour placer les voix, vous bossez ensemble avec Arnaud, ou bien chacun de son côté et ensuite vous vous adaptez lors des sessions ?
P: Non pas spécialement. Pour l’album, ce sont Sam, Jordan et Etienne, la section rythmique, qui ont composé principalement le son. Ils nous ont envoyé les sons à la maison et avec Arnaud on a posé nos voix sur ce qu'ils nous avaient envoyé. Ensuite on s'est vu en répétition et on a retravaillé un petit peu tout ça. En ce qui concerne l'écriture des textes, chacun écrit ses propres parties. Car c'est toujours un peu compliqué d'écrire pour l’autre. Il y en a un qui lance un sujet et en fait l'autre répond.
Il y a beaucoup de complicité avec Arnaud, car ce n’est pas évident de tout pouvoir partager. Il faut bien connaître l’autre ?
P: C'est vrai tu as raison mais tu sais avec Arnaud ça fait des années qu'on se connaît et ce n'est pas juste une question de musique. Dans la vie, on est des potes, on est des frangins même. On se connaît vraiment très très bien.
Musicalement, ça a toujours été difficile de vous mettre une étiquette. Votre musique est un mélange de beaucoup d'influences. Punk, Metal, Hardcore. Mais vous vous vous définissez comment ?
P: Musette Metal (rire).
S: On est un groupe de crossover tout simplement. On a plein d'influences différentes Et pas forcément que métal.
P: On a un groupe de musique tout simplement. Est-ce que on est vraiment crossover ? Franchement moi j'en sais rien. C'est une étiquette qu'on nous met. On n'aime jamais les étiquettes.
S: C'est compliqué vraiment de mettre une étiquette. Si tu fais du trash on va te dire tu ressembles à tel ou tel groupe. Et la même chose si tu veux faire du hardcore ou autre chose, on va toujours te dire que tu ressembles à quelqu’un.
P: En fait, on fait du Black Bomb A tout simplement.
Vous avez choisi les studios ICP à Bruxelles, et le studio Sainte-Marthe à Paris, avec Francis Caste pour cet album. Cela reste des références dans le milieu metal et on ne change pas une équipe qui gagne ?
P: Oui on avait bossé avec Francis déjà sur l'album précédent. Et il y avait un petit goût d'inachevé parce qu'on n’avait fait que les basses/batteries avec lui et le mixage. Et on aurait bien aimé faire les guitares. Même lui, nous avait dit, qu'il aurait bien aimé faire le chant et les guitares. Et ça nous est resté en tête à cette époque. Et pour cet album, quand on s'est posé la question de savoir avec qui on allait travailler, c'est à lui qu'on a pensé en premier bien sûr.
Qu’est ce qu’il vous apporte que vous n’avez pas ?
P: Il nous apporte son oreille à lui avec toute l'expérience qu'il a dans ce métier. Sa vision également. Il a une approche différente de nous. Il voit vite toutes les étapes qui va falloir faire au niveau du travail du son. Il nous conseille aussi au niveau de la compo, de l'écriture. C'est important et c'est pour ça qu'on voulait travailler avec lui parce que il est dans son rôle et il le connaît parfaitement. Et il le fait super bien surtout.
Vous vous entraînez pour tenir le rythme parce que ça envoie énorme sur le disque, et je suppose que sur scène ça doit être encore plus. Et maintenant, je ne dis pas que vous êtes âgés, mais bon, ça doit commencer à tirer sur les muscles non ?
P: Disons qu'on s'entretient. Moi, je fais un peu de salle avec Sam, mais ce n'est pas tout le monde (rire).
S: Il faut faire un peu plus attention c'est certain. Après chacun a sa manière à lui de gérer son physique.
Idem pour le public qui vous suit (dont je fais partie). Avant, j’étais dans la fosse tout le concert, mais bon maintenant on y va un peu moins !!
P: (rire) Tu as raison. Et d'ailleurs c'est pour ça que on joue toujours à peine plus d'une heure.
C'est vrai que l'album est très court...
P: Oui 30 minutes. De toute façon, on joue au grand maximum 1h10, 1h15. On ne fait pas des shows plus longs. Déjà parce qu’on n’a pas de ballades, mais des morceaux courts et surtout très énergiques. Donc un show de Black Bomb A c’est 1 heure. Et pendant 1 heure, tu en prends plein la gueule.
Justement en parlant public, en 30 ans, vous avez vu passer une voir 2 générations de spectateurs, vous avez vu une évolution ? Ça a changé par rapport au début ?
P: Non pas forcément.Enfin si, tu vois les enfants des gars qui étaient là sur les premiers albums (rire).
S: Voire même les petits enfants (rire). Mais c'est vrai que ça fait plaisir d'avoir des pères qui viennent avec leur fils. Ça fait également super plaisir d'avoir des des jeunes de 20, 30 ans qui sont devant la scène. Donc on voit une évolution dans ce sens là on voit que le public s'est renouvelé. Après dans l'attitude des gens non pas vraiment d'évolution les gens viennent nous voir pour kiffer et ben j'espère qu'il kiffent. C'est un partage qu'on a avec eux et c'est très important.
Et en parlant d'évolution, comment jugez-vous celle de Black Bomb A ? Qu'est qui a changé ou évolué dans votre musique, vos textes par rapport à vos débuts ?
P: Musicalement au bout du 8e album, on sait ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. On sait surtout ce qui fait notre patte. On est devenu plus efficace sur la création de l'album. Celui-là, on l'a composé en 4 mois et après on est allé en studio directement.
C’est peut être ça l’évolution, vous savez où vous voulez aller ?
P: On aimerait avoir 50 morceaux et se demander lequel on va choisir comme certains groupes le font, mais non. Après, c’est vrai que pour cet album on avait peut-être une bonne vingtaine de morceaux avec tous ceux qu'on avait composés avant et qu'on a foutus à la poubelle. On est un peu radical de ce côté-là, quand on sent pas un truc il va directement à la poubelle. On ne le met pas de côté pour revenir plus tard dessus. Non, on ne le sent pas, poubelle !!! Ça aussi, ça fait partie de l’évolution.
Vous allez partir en tournée ? On va pouvoir vous retrouver un peu partout je suppose ?
S: On a pas mal de dates cet été entre les concerts et les festivals. Et il y a une tournée européenne qui a été mise en place à partir du mois de septembre.
C’est votre ADN la scène ?
S: Ah oui c’est sûr.
Vous avez été un peu frustrés pendant 6 ans ?
P: Non, on a joué quand même. Mais c’est sûr qu’arriver avec un nouvel album, c’est toujours plus excitant. On a vraiment envie de le faire découvrir et de le partager avec le public. C’est toujours des grands moments.
Merci beaucoup à vous 2 pour cette interview. Et donc à bientôt sur une scène.
P: Merci à toi.
S: Oui, merci à toi.
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L&T le 06.06.2024