interview
Red Mourning
Rencontre avec J.C. Hoogendoorn, ou "Hoog "JC" Doorn", le chanteur du groupe Red Mourning. Difficile de définir dans quel univers ils évoluent car entre blues, metal, folk et prog, ils nous invitent à des voyages musicaux différents d'un titre à l'autre. Une particularité de ce groupe atypique. Une belle rencontre bien sympathique.
L&T: Bonjour. Peux-tu nous faire un petit rappel de qui est "Red Mourning" ?
J.C: Salut. Alors "Red Mourning" ce sont 4 gars qui font du metal avec des influences qui vont du black metal au blues, du rock au stoner, du metal technique à la folk. Et nous avons sorti notre 5e album "Flowers & Feathers".
L&T: On va parler de "Flowers & Feathers". En commençant par, pourquoi ce titre ?
J.C: En termes de titre, c'est assez simple, c'est le nom d'un des morceaux tout simplement. C'est un titre qui véhicule une image qui est à la fois belle, poétique et à la fois intéressante, car cela fait allusion à un alphabet. La forme graphique d'un alphabet d'une nation qui essaie de survivre. Une langue et une culture minoritaire, qui, comme toutes les petites langues et les petites cultures ont tendance à disparaître et à se faire absorber. Enfin, de manière générale, cela fait réfléchir à la société en général, mais aussi à titre individuel, sur ce que l'on fait, sur ce qui est important pour nous et combien de temps cela survivra. Voilà, en gros, pour le titre.
L&T: J'allais en parler plus tard, mais est-ce qu'on peut parler de la cover, très jolie, qui change complètement des précédentes ?
J.C: Oui, c'est vrai et c'est volontaire. On n'est pas attaché ou marié à un style traditionnel si tu veux. On a des influences musicales ou graphiques. On voulait changer et continuer à évoluer, diversifier notre identité visuelle. On avait une volonté d'un visuel qui soit un peu plus clair, qui reste organique en conservant certains éléments de notre identité, mais qui sorte un peu de l'ordinaire. C'était volontaire.
L&T: Où va-t-on avec ce nouvel album ?
J.C: (rires) Je ne sais pas (rires). D'album en album, on continue à expérimenter, à évoluer. Au 1er album, tu m'aurais posé cette question, je t'aurais dit que je n'avais aucune idée qu'on arriverait déjà jusqu'ici, ni même que le groupe existerait encore, mais en fait notre aventure continue. On s'entend bien, et on expérimente, on écrit de nouvelles choses. Et c'est ce qu'on trouve sur cet album avec des prises de risques ? Que ce soit avec les morceaux acoustiques. Que ce soit en termes de composition, avec des structures plus complexes, plus "progressives" avec de nouveaux instruments, d'autres types de chants.
L&T: Oui, c'est difficile de vous mettre une étiquette, du coup comment vous vous définissez musicalement ? On trouve tellement de choses, du metalcore, des riffs de blues, la longueur de certains titres à du prog....
J.C: Oui, mais cette difficulté à un intérêt pour nous. Ce n'est pas un inconvénient, mais plutôt l'objectif qui est recherché. C'est vrai que cela peut être un peu désorientant, mais écoute après écoute, c'est un album qui se révèle. Il fait réfléchir, il fait voyager, donc tout cela est volontaire. On est dans une logique de recherche, de se lancer des défis, de développer de nouvelles choses. Et surtout de ne pas faire du surplace. Ne pas refaire ce que l'on a déjà fait et surtout ne pas faire ce que d'autres ont déjà fait.
L&T: Tout en gardant vos bases, car on retrouve des riffs et des harmos que l'on retrouve sur les albums précédents ?
J.C: Oui. On a des choses que l'on aime et qui sont notre ADN musical et on ne va pas s'y soustraire. Mais avec le temps qui passe, on a fait des rencontres musicales, le line-up a évolué, un peu, pas beaucoup. Il y a 5 ans, on a été rejoint par Alex, et chacun emmène ses nouvelles touches, leurs visions. Ma voix est ce qu'elle est même si elle évolue un petit peu. On a évolué également dans les techniques d'enregistrement, ou dans les choix des instruments. Comme l'harmonica que l'on utilise dans les albums. Là, on a utilisé de l'orgue, du banjo.
L&T: On entend de l'harmonica, du laps steel dans certains titres, est ce que vous ne seriez pas un groupe de blues refoulé ?
J.C: Oui. Je ne sais pas si "refoulé" est le bon terme, mais moi, personnellement, j'aime le blues. Mon 1er groupe était un groupe de blues. Clairement, le blues fait partie de nos influences fortes.
L&T: Oui, ça s'entend. Même sur les morceaux acoustiques.
J.C: C'est ce qu'on aime ces sonorités. C'est pour ça que l'on trouve des instruments qui nous permettent de tordre les notes. Les harmoniques, les fameuses "Blue Notes". Les instruments permettent ça. Sur le plan vocal également, c'est ça que j'aime. Donc, oui, on est un groupe de metal, mais aussi un groupe de blues.
L&T: Oui, c'est un peu votre identité musicale.
J.C: Oui, un peu. Après, on est 4, avec des influences différentes. On va donc chercher des choses différentes. Et avec le temps qui passe, je pense qu'on ne s'interdit presque plus rien. Certains titres, comme les acoustiques sonnent blues, mais d'autres sont plus "extra-terrestres". Et je pense qu'on va continuer à laisser s'exprimer ces choses-là.
L&T: Sur chaque album, vous arrivez à surprendre musicalement, et celui-ci ne déroge pas à la règle. Des riffs blues et Psyché dans du gros son hyper agressif parfois. D'où vous viennent toutes ces idées ? Comment vous travaillez ?
J.C: Sur cet album, on a évolué sur notre technique de composition. Aurélien, notre batteur, a composé un certain nombre de titres de l'album. Alex, le guitariste, aussi. Ce sont eux qui arrivent avec des bases instrumentales. Moi, en tant que chanteur principal, car on est tous un peu chanteur dans le groupe, je compose la plupart du temps les paroles et les voix. Ensuite, on retravaille ça ensemble, pour les harmonies vocales d'un morceau, pour le tester en répétition, le faire évoluer. Et au final, le studio, où là aussi, ils vont évoluer sous l'influence de Francis Caste qui est à l'enregistrement. Lui aussi a des idées, et les techniques d'enregistrement vont permettre d'autres choses, d'autres sonorités. C'est comme ça qu'il se retrouve sur l'album. Ensuite, on travaille et on prépare également nos concerts en adaptant les morceaux à la scène. Il y a des choses qui sont possibles sur scène, mais d'autres uniquement en studio.
L&T: Du coup, lors des compositions, vous ne pensez pas nécessairement "live" ?
J.C: Exactement. On fonctionne étape par étape. On essaie de faire le morceau le plus abouti et le plus intéressant possible. On essaie de retransmettre cette image mentale que l'on a d'un morceau en sons. Et ensuite, lorsqu'on est en studio, on essaie de faire évoluer tout ça. Et pour le live, c'est encore une autre approche. Quand on enregistre, on sait que certains morceaux ne seront jamais joués sur scène, car on sait que cela ne rendra pas bien. Ils n'auront pas les effets recherchés. On avance pas à pas, sans forcément savoir ce que sera le final. C'est pour ça que parfois, on se retrouve à jouer des morceaux sur scène, avec des modifications par rapport à ce que l'on a fait en studio. Chaque univers est différent.
L&T: Je n'ai pas posé la question avant, mais c'est un concept-album ?
J.C: Ah, c'est une question compliquée ça. Disons qu'il y a forcément une idée de thématique, d'ambiance ou de ressentis. Et un album est une étape dans la vie d'un groupe, mais également dans la nôtre en tant qu'individus. Donc, on va retrouver des fils rouges. Souvent, dans "concept-album", on entend "tous les morceaux qui traitent d'un même thème", mais ce n'est pas notre cas. Chaque morceau est écrit individuellement et indépendamment des autres, mais il y a une ambiance qui se dégage. Du coup, je ne saurais te dire si nous sommes ou pas un concept-album.
L&T: Alors quels sont les thèmes que vous abordez ?
J.C: Cela correspond beaucoup à mes ressentis personnels. Des émotions, des impressions, des événements, des étapes. C'est ce que j'essaie de retranscrire, des réflexions personnelles sur la vie, le temps, la mort, l'identité, la folie. Ce sont ces types d'impressions que je vais traiter de façon allégorique, plutôt par allusions ou par images. Et il en ressort des textes qui permettent à chacun de se projeter dans les morceaux pour faire jouer leurs propres imaginations et leurs propres ressentis. C'est plutôt ça que j'aime faire, plutôt que d'essayer de raconter une histoire. C'est ce qui m'intéresse dans une chanson lorsque je l'écoute, c'est pouvoir me projeter à l'intérieur. Imaginer les choses plutôt qu'on me les raconte par A + B.
L&T: Y a-t-il un titre que vous allez mettre en avant sur cet album ? Si oui pourquoi celui-là ?
J.C: On a sorti 2 clips vidéo donc forcément, ce sont ces titres qui ont été mis en avant. "The Coming Wind" et "Flowers & Feathers". Ensuite, nous avons sorti un single "225". Prochainement, nous allons sortir un autre clip pour "Blue Times" qui est un des morceaux acoustiques de l'album. Et à plus long terme, on sortira un 4e clip pour le titre "Six-Pointed Star". C'est un morceau qui me tient particulièrement à cœur qui est joué avec la Lap Steel guitar. Ce sont ces morceaux-là qui sont mis plus en avant, même si dans le groupe, chacun a ces morceaux préférés. Moi, par exemple, j'adore "Auburn" qui est un autre titre acoustique.
L&T: L'album ou le EP précédent était acoustique ? C'est un exercice qui vous a plu ?
J.C: Oui. Plus ça va, plus on utilise aussi ces ambiances acoustiques sur nos albums. Sur "Flowers & Feathers" il y a 3 titres acoustiques. Sur l'EP, c'était un challenge qui nous a énormément plu qui était de ré-interpréter certains de nos morceaux entièrement, en ne gardant que les paroles. On a recomposé les morceaux, avec de nouvelles mélodies et des nouvelles lignes de chant, de nouveaux instruments et ça a été un super kif. Et du coup, on est en train de terminer l'enregistrement d'un deuxième EP acoustique qui devrait sortir l'année prochaine.
L&T: Du coup, on pourrait peut-être même voir même des concerts acoustiques ?
J.C: Tout à fait. On a déjà un set acoustique. Pendant ces concerts-là, on jouera les titres acoustiques de nos différents albums, car il commence à y en avoir un certain nombre au bout de 5 albums. Et on va également réinterpréter certains de nos morceaux électriques différemment. On est parti pour développer cette facette du groupe. Et je pense que plus tard, on regroupera ces 2 EP pour n'en faire qu'un.
L&T: Quelles évolutions musicales tu notes depuis les débuts ?
J.C: On progresse dans la maîtrise de nos instruments respectifs. Donc ça nous ouvre de nouvelles portes. Parmi les évolutions principales, je l'ai évoqué tout à l'heure, c'est qu'on ne se met plus de limites. On est maintenant ouvert à tous types de musique. On n'a aucun à priori sur ce qu'on peut faire ou ne pas faire. Il ne faut pas absolument avoir un couplet/refrain. On est vraiment très ouvert. En plus de l'harmonica qu'on avait à nos débuts, on a maintenant plus d'instruments avec lesquels on évolue. Les harmonies vocales se sont profondément développées. Et c'est quelque chose qu'on adore chanter à plusieurs. En termes de son. On a un son qui est de plus en plus naturel. On a de moins en moins de corrections, de triger. Au début, on était obligé de se cacher derrière l'ordinateur, chose qu'on ne fait plus maintenant. Aujourd'hui, on laisse sonner ces petites imperfections qui sont et qui font plus humaines. C'est plus organique. Dans les évolutions, il y a aussi quelques changements de line up. Pas beaucoup, car en presque 20 années de carrière, on est presque tous les mêmes qu'au départ.
L&T: Les questions rituelles pour conclure cette interview : peux-tu définir le groupe en 2 ou 3 mots ?
J.C: Je dirais: Emotion, Singularité, Sincérité.
L&T: Et dernière question : Quel est le dernier morceau ou le dernier album que tu as écouté ?
J.C: Alors, à titre personnel, j'écoute pas mal de flamenco. Principalement un chanteur, Camarón de la Isla. Je ne pourrais pas te donner un titre en particulier, car il a sorti au moins une vingtaine d'albums, mais voilà ce que j'écoute en ce moment.
L&T: Merci beaucoup pour cette interview. Et j'aime bien cet album, bien dans votre style. Et un joli mélange des musiques que j'aime.
J.C: Merci beaucoup, c'est gentil. À très bientôt.
https://www.facebook.com/RedMourning
Photo: Chistiane Tastayre.
L&T Le 08.11.2022
L&T: Bonjour. Peux-tu nous faire un petit rappel de qui est "Red Mourning" ?
J.C: Salut. Alors "Red Mourning" ce sont 4 gars qui font du metal avec des influences qui vont du black metal au blues, du rock au stoner, du metal technique à la folk. Et nous avons sorti notre 5e album "Flowers & Feathers".
L&T: On va parler de "Flowers & Feathers". En commençant par, pourquoi ce titre ?
J.C: En termes de titre, c'est assez simple, c'est le nom d'un des morceaux tout simplement. C'est un titre qui véhicule une image qui est à la fois belle, poétique et à la fois intéressante, car cela fait allusion à un alphabet. La forme graphique d'un alphabet d'une nation qui essaie de survivre. Une langue et une culture minoritaire, qui, comme toutes les petites langues et les petites cultures ont tendance à disparaître et à se faire absorber. Enfin, de manière générale, cela fait réfléchir à la société en général, mais aussi à titre individuel, sur ce que l'on fait, sur ce qui est important pour nous et combien de temps cela survivra. Voilà, en gros, pour le titre.
L&T: J'allais en parler plus tard, mais est-ce qu'on peut parler de la cover, très jolie, qui change complètement des précédentes ?
J.C: Oui, c'est vrai et c'est volontaire. On n'est pas attaché ou marié à un style traditionnel si tu veux. On a des influences musicales ou graphiques. On voulait changer et continuer à évoluer, diversifier notre identité visuelle. On avait une volonté d'un visuel qui soit un peu plus clair, qui reste organique en conservant certains éléments de notre identité, mais qui sorte un peu de l'ordinaire. C'était volontaire.
L&T: Où va-t-on avec ce nouvel album ?
J.C: (rires) Je ne sais pas (rires). D'album en album, on continue à expérimenter, à évoluer. Au 1er album, tu m'aurais posé cette question, je t'aurais dit que je n'avais aucune idée qu'on arriverait déjà jusqu'ici, ni même que le groupe existerait encore, mais en fait notre aventure continue. On s'entend bien, et on expérimente, on écrit de nouvelles choses. Et c'est ce qu'on trouve sur cet album avec des prises de risques ? Que ce soit avec les morceaux acoustiques. Que ce soit en termes de composition, avec des structures plus complexes, plus "progressives" avec de nouveaux instruments, d'autres types de chants.
L&T: Oui, c'est difficile de vous mettre une étiquette, du coup comment vous vous définissez musicalement ? On trouve tellement de choses, du metalcore, des riffs de blues, la longueur de certains titres à du prog....
J.C: Oui, mais cette difficulté à un intérêt pour nous. Ce n'est pas un inconvénient, mais plutôt l'objectif qui est recherché. C'est vrai que cela peut être un peu désorientant, mais écoute après écoute, c'est un album qui se révèle. Il fait réfléchir, il fait voyager, donc tout cela est volontaire. On est dans une logique de recherche, de se lancer des défis, de développer de nouvelles choses. Et surtout de ne pas faire du surplace. Ne pas refaire ce que l'on a déjà fait et surtout ne pas faire ce que d'autres ont déjà fait.
L&T: Tout en gardant vos bases, car on retrouve des riffs et des harmos que l'on retrouve sur les albums précédents ?
J.C: Oui. On a des choses que l'on aime et qui sont notre ADN musical et on ne va pas s'y soustraire. Mais avec le temps qui passe, on a fait des rencontres musicales, le line-up a évolué, un peu, pas beaucoup. Il y a 5 ans, on a été rejoint par Alex, et chacun emmène ses nouvelles touches, leurs visions. Ma voix est ce qu'elle est même si elle évolue un petit peu. On a évolué également dans les techniques d'enregistrement, ou dans les choix des instruments. Comme l'harmonica que l'on utilise dans les albums. Là, on a utilisé de l'orgue, du banjo.
L&T: On entend de l'harmonica, du laps steel dans certains titres, est ce que vous ne seriez pas un groupe de blues refoulé ?
J.C: Oui. Je ne sais pas si "refoulé" est le bon terme, mais moi, personnellement, j'aime le blues. Mon 1er groupe était un groupe de blues. Clairement, le blues fait partie de nos influences fortes.
L&T: Oui, ça s'entend. Même sur les morceaux acoustiques.
J.C: C'est ce qu'on aime ces sonorités. C'est pour ça que l'on trouve des instruments qui nous permettent de tordre les notes. Les harmoniques, les fameuses "Blue Notes". Les instruments permettent ça. Sur le plan vocal également, c'est ça que j'aime. Donc, oui, on est un groupe de metal, mais aussi un groupe de blues.
L&T: Oui, c'est un peu votre identité musicale.
J.C: Oui, un peu. Après, on est 4, avec des influences différentes. On va donc chercher des choses différentes. Et avec le temps qui passe, je pense qu'on ne s'interdit presque plus rien. Certains titres, comme les acoustiques sonnent blues, mais d'autres sont plus "extra-terrestres". Et je pense qu'on va continuer à laisser s'exprimer ces choses-là.
L&T: Sur chaque album, vous arrivez à surprendre musicalement, et celui-ci ne déroge pas à la règle. Des riffs blues et Psyché dans du gros son hyper agressif parfois. D'où vous viennent toutes ces idées ? Comment vous travaillez ?
J.C: Sur cet album, on a évolué sur notre technique de composition. Aurélien, notre batteur, a composé un certain nombre de titres de l'album. Alex, le guitariste, aussi. Ce sont eux qui arrivent avec des bases instrumentales. Moi, en tant que chanteur principal, car on est tous un peu chanteur dans le groupe, je compose la plupart du temps les paroles et les voix. Ensuite, on retravaille ça ensemble, pour les harmonies vocales d'un morceau, pour le tester en répétition, le faire évoluer. Et au final, le studio, où là aussi, ils vont évoluer sous l'influence de Francis Caste qui est à l'enregistrement. Lui aussi a des idées, et les techniques d'enregistrement vont permettre d'autres choses, d'autres sonorités. C'est comme ça qu'il se retrouve sur l'album. Ensuite, on travaille et on prépare également nos concerts en adaptant les morceaux à la scène. Il y a des choses qui sont possibles sur scène, mais d'autres uniquement en studio.
L&T: Du coup, lors des compositions, vous ne pensez pas nécessairement "live" ?
J.C: Exactement. On fonctionne étape par étape. On essaie de faire le morceau le plus abouti et le plus intéressant possible. On essaie de retransmettre cette image mentale que l'on a d'un morceau en sons. Et ensuite, lorsqu'on est en studio, on essaie de faire évoluer tout ça. Et pour le live, c'est encore une autre approche. Quand on enregistre, on sait que certains morceaux ne seront jamais joués sur scène, car on sait que cela ne rendra pas bien. Ils n'auront pas les effets recherchés. On avance pas à pas, sans forcément savoir ce que sera le final. C'est pour ça que parfois, on se retrouve à jouer des morceaux sur scène, avec des modifications par rapport à ce que l'on a fait en studio. Chaque univers est différent.
L&T: Je n'ai pas posé la question avant, mais c'est un concept-album ?
J.C: Ah, c'est une question compliquée ça. Disons qu'il y a forcément une idée de thématique, d'ambiance ou de ressentis. Et un album est une étape dans la vie d'un groupe, mais également dans la nôtre en tant qu'individus. Donc, on va retrouver des fils rouges. Souvent, dans "concept-album", on entend "tous les morceaux qui traitent d'un même thème", mais ce n'est pas notre cas. Chaque morceau est écrit individuellement et indépendamment des autres, mais il y a une ambiance qui se dégage. Du coup, je ne saurais te dire si nous sommes ou pas un concept-album.
L&T: Alors quels sont les thèmes que vous abordez ?
J.C: Cela correspond beaucoup à mes ressentis personnels. Des émotions, des impressions, des événements, des étapes. C'est ce que j'essaie de retranscrire, des réflexions personnelles sur la vie, le temps, la mort, l'identité, la folie. Ce sont ces types d'impressions que je vais traiter de façon allégorique, plutôt par allusions ou par images. Et il en ressort des textes qui permettent à chacun de se projeter dans les morceaux pour faire jouer leurs propres imaginations et leurs propres ressentis. C'est plutôt ça que j'aime faire, plutôt que d'essayer de raconter une histoire. C'est ce qui m'intéresse dans une chanson lorsque je l'écoute, c'est pouvoir me projeter à l'intérieur. Imaginer les choses plutôt qu'on me les raconte par A + B.
L&T: Y a-t-il un titre que vous allez mettre en avant sur cet album ? Si oui pourquoi celui-là ?
J.C: On a sorti 2 clips vidéo donc forcément, ce sont ces titres qui ont été mis en avant. "The Coming Wind" et "Flowers & Feathers". Ensuite, nous avons sorti un single "225". Prochainement, nous allons sortir un autre clip pour "Blue Times" qui est un des morceaux acoustiques de l'album. Et à plus long terme, on sortira un 4e clip pour le titre "Six-Pointed Star". C'est un morceau qui me tient particulièrement à cœur qui est joué avec la Lap Steel guitar. Ce sont ces morceaux-là qui sont mis plus en avant, même si dans le groupe, chacun a ces morceaux préférés. Moi, par exemple, j'adore "Auburn" qui est un autre titre acoustique.
L&T: L'album ou le EP précédent était acoustique ? C'est un exercice qui vous a plu ?
J.C: Oui. Plus ça va, plus on utilise aussi ces ambiances acoustiques sur nos albums. Sur "Flowers & Feathers" il y a 3 titres acoustiques. Sur l'EP, c'était un challenge qui nous a énormément plu qui était de ré-interpréter certains de nos morceaux entièrement, en ne gardant que les paroles. On a recomposé les morceaux, avec de nouvelles mélodies et des nouvelles lignes de chant, de nouveaux instruments et ça a été un super kif. Et du coup, on est en train de terminer l'enregistrement d'un deuxième EP acoustique qui devrait sortir l'année prochaine.
L&T: Du coup, on pourrait peut-être même voir même des concerts acoustiques ?
J.C: Tout à fait. On a déjà un set acoustique. Pendant ces concerts-là, on jouera les titres acoustiques de nos différents albums, car il commence à y en avoir un certain nombre au bout de 5 albums. Et on va également réinterpréter certains de nos morceaux électriques différemment. On est parti pour développer cette facette du groupe. Et je pense que plus tard, on regroupera ces 2 EP pour n'en faire qu'un.
L&T: Quelles évolutions musicales tu notes depuis les débuts ?
J.C: On progresse dans la maîtrise de nos instruments respectifs. Donc ça nous ouvre de nouvelles portes. Parmi les évolutions principales, je l'ai évoqué tout à l'heure, c'est qu'on ne se met plus de limites. On est maintenant ouvert à tous types de musique. On n'a aucun à priori sur ce qu'on peut faire ou ne pas faire. Il ne faut pas absolument avoir un couplet/refrain. On est vraiment très ouvert. En plus de l'harmonica qu'on avait à nos débuts, on a maintenant plus d'instruments avec lesquels on évolue. Les harmonies vocales se sont profondément développées. Et c'est quelque chose qu'on adore chanter à plusieurs. En termes de son. On a un son qui est de plus en plus naturel. On a de moins en moins de corrections, de triger. Au début, on était obligé de se cacher derrière l'ordinateur, chose qu'on ne fait plus maintenant. Aujourd'hui, on laisse sonner ces petites imperfections qui sont et qui font plus humaines. C'est plus organique. Dans les évolutions, il y a aussi quelques changements de line up. Pas beaucoup, car en presque 20 années de carrière, on est presque tous les mêmes qu'au départ.
L&T: Les questions rituelles pour conclure cette interview : peux-tu définir le groupe en 2 ou 3 mots ?
J.C: Je dirais: Emotion, Singularité, Sincérité.
L&T: Et dernière question : Quel est le dernier morceau ou le dernier album que tu as écouté ?
J.C: Alors, à titre personnel, j'écoute pas mal de flamenco. Principalement un chanteur, Camarón de la Isla. Je ne pourrais pas te donner un titre en particulier, car il a sorti au moins une vingtaine d'albums, mais voilà ce que j'écoute en ce moment.
L&T: Merci beaucoup pour cette interview. Et j'aime bien cet album, bien dans votre style. Et un joli mélange des musiques que j'aime.
J.C: Merci beaucoup, c'est gentil. À très bientôt.
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Photo: Chistiane Tastayre.
L&T Le 08.11.2022