interview

Rencontre avec Sylvain, créateur du groupe “The Dawn Razor” qui nous parle de "In Sublime Presence". Un opus qu’il a composé lui-même, en “one man band”. Un excellent album qui vous fera voyager à travers le monde et à travers les âges en révélant tous ces contrastes. Une très belle rencontre.

Salut Sylvain. Peux tu nous présenter "The Dawn Razor", qui es tu d'où viens tu, où vas tu ? Bref on veut tout savoir…

Salut. J’habite à Paris depuis plusieurs années, mais je suis originaire de Moselle. Je suis donc le guitariste chanteur compositeur de The Dawn Razor. C’est un groupe que j’ai fondé seul. J’écris toute la musique et ensuite je trouve des musiciens pour les concerts.

On te présente comme un “one man band”?

Oui, on peut dire ça.

C’est difficile de pouvoir tout faire sur une scène, même s' il y a des samples, ce n’est pas évident ?

Oui, c’est vrai. L’idéal serait d’être quatre. Un autre guitariste, un bassiste qui ferait les chœurs, et un batteur.

Et tu as trouvé tes compagnons de scène?

Oui, c’est bon. (rire)

Comment t'es venue l'idée de ce "groupe" et pourquoi un one man band ? C'est pour garder tout l'argent ?

(rire) C’est ça. Tu n’imagines pas le fric de malade que je me fais (rire). Alors pourquoi “one man band” ? J’avais un autre groupe avant qui faisait des reprises et quelques compos. Mais le souci est que pour les compos, on avait tous des idées différentes de ce qu’on voulait faire. Et finalement, on n’était pas très content des compromis qu’on faisait. Et on a fini par se séparer. Et comme j’avais des idées précises sur ce que je voulais écrire comme musique, je me suis mis à composer tout seul. Ça va prendre plus de temps, ça va être plus compliqué et mais à la fin, je serais content de ce que j’ai réalisé.

Et pourquoi ce nom de “The Dawn Razor” ?

En français, on dirait que c’est la ligne de lumière qu’il y a à l’aube, juste avant le lever du soleil, qui sépare le jour de la nuit. J’aime bien cette image de contraste, de clair obscur, qui colle parfaitement avec le thème des chansons. C’est vraiment sublime ce contraste.

Oui, on le ressent bien musicalement ce contraste. Par moments, hyper puissant, et d’autres très mélodiques.

Quels sont les avantages, mais aussi les inconvénients d'être tout seul ?

Les avantages: liberté totale, pas de freins dans la composition. Les inconvénients ? Moi, c’est surtout la batterie. Car j’écris la batterie, mais il faut quand même que je demande à un vrai batteur de me faire des arrangements, et de mettre un peu le holà, sinon, j’écris des trucs de fou (rire). Je m’emporte un peu des fois (rire).

En studio aussi, tu fais tout toi-même ?

J’ai bossé avec un ingé son qui est dans le sud de la France. J’ai la carte son pour enregistrer la guitare et la basse de chez moi. J’ai aussi un micro, mais que je ne fais pas chez moi car j’ai un tout petit appart à Paris (rire). Imagine un peu la tête des voisins si je chantais !! J’allais dans des studios de répétition, et je faisais mes voix comme ça. Et on faisait des aller-retours jusqu’au mix final.

On va parler de "In Sublime Presence", ton album, vers où nous entraînes tu avec cet opus ?

Ah, on va loin. Il y a des endroits très variés. Il y a une promenade en Antarctique, une promenade dans l'océan Pacifique. Il y a l’Italie de la Renaissance, une jungle probablement amazonienne, on ne sait pas trop. Et pas mal d’autres surprises.

C’est un grand voyage musical, mais aussi dans les thèmes, qu’est ce qui t’a inspiré pour tes textes ?

C’est un peu l’idée du Sublime, qui est un courant du romantisme au XVIIIème siècle. L’idée était de peindre des tableaux de choses qui échappent un peu aux hommes. Des choses qui font peur et qui imposent également le respect, comme les montages ou les déserts. Ce contraste entre l’incroyablement beau, mais si j’y vais c’est très dangereux, je risque de ne pas revenir.

Tu as l'air d'aimer l'histoire en général, l'art en particulier, je pense par exemple à “Chiaroscuro Italiano” qui parle de la renaissance italienne. Et tu aimes aussi les personnages assez singuliers de l'Histoire ?

Oui, c’est vrai que ça m’a inspiré. j’ai beaucoup lu pendant la période du confinement, et ce sont les thèmes de livres qui m’ont plu, que j’ai remis dans mes chansons. Et effectivement, l’Italie de la Renaissance, c’est sublime. Il y a eu les monuments qu’on connaît, les églises, la peinture, la sculpture. Et en même temps, c’était une période de troubles, avec des guerres, des assassinats. Il y a un contraste très fort qui colle très bien au thème de cet album.

Tu parles de personnages de l’Histoire pas très connus, il fallait se plonger dans leurs histoires, un gros travail de recherche ?

Non, pas vraiment. Ce sont juste des livres que j’ai lu, et qui m’ont inspiré. “Les rois maudits” par exemple, sont pleins de personnages avec beaucoup de pouvoir, et beaucoup de contradictions. Ils font des complots, mais se font avoir par d’autres choses.

C'est un album hyper technique musicalement, hyper pointu, tu n’as pas peur que ce soit, justement, trop pointu ?

Oui, tu as raison. Mais en même temps, c’est ce qui me plaît. Si je fais de la musique, et de la guitare en particulier, c’est pour pouvoir aller voir toujours un peu plus loin. J’écoute aussi de la musique classique, et là aussi, il y a des trucs très développés, au piano ou au violon par exemple. Alors, je n’en suis pas à ce niveau là, mais je tends un peu vers ça.

Tous les morceaux ne sont pas comme ça, il ne faut pas croire que ce soit réservé à une élite de “super guitaristes”...

Non, quand même pas. Mais j’aime bien quand même ce côté technique. Et c’est pour ça que je voulais finir l’album sur un morceau instrumental, plus calme, où il n’y a pas toute cette technique justement. Quelque chose de plus apaisant pour l’écoute.

Comment tu le définis musicalement cet album? Je sais que les musiciens n’aiment pas cette question (rire)

Je dirais une influence death et black metal, mais musique classique également.

Tu accordes beaucoup d'importance aux visuels, que ce soit la belle pochette de l'album mais également tous ces petits films de guitare. C’est important tout ça pour toi ?

Les films de guitare, oui beaucoup. La raison n°1 pour laquelle je fais de la musique, c’est la guitare. J’aime tout le reste aussi, mais la guitare, c’est vraiment au dessus. J'adore les plans à jouer, le son, montrer comment je joue, comment j’écris mes riffs et mes solos.

Ça va être difficile de tout retrouver, musicalement, sur scène ? Tu vas faire des choix dans les chansons et dans la manière de les interpréter ou pas ?

Non, car j’écris toujours mes morceaux de façon à pouvoir les jouer sur scène, c’est à dire deux guitares pas plus, basse, batterie, chant et chœurs. Pas de troisième ou quatrième guitare, ni de clavier pour faire des harmonies. Je ne rajoute rien qu’on ne pourrait pas jouer.

Qu'est qu'on va retrouver sur scène, uniquement le dernier album ou tu reviendras sur l'album précédent ?

Il y a des choses faciles à faire: déjà prendre les singles des deux albums, ce sera une base. Après, ce sont des choses qui se discutent avec les gars du groupe. Chacun a ses préférences, il faudra donc faire des choix, et au maximum choisir les communs. Mais, des fois, ça arrive qu’un morceau ne rende pas aussi bien sur scène qu’en studio. Donc, bien sûr, les morceaux peuvent évoluer.

Quelles évolutions d'ailleurs depuis "Renaissance" ton précédent album en 2018 ?

On va dire qu’au niveau du chant, j’ai testé plusieurs variantes. J’ai mis plus de voix claire dans “Point Nemo”. Des styles un peu différents dans “Refuse Tomorrow” par exemple, je me suis bien éclaté (rire), c’était sympa à faire. Des chants plus variés. J’ai testé quelques trucs avec de l’écho ou des harmonies dans d’autres morceaux. Ça rend la chose plus intéressante. Et puis, “Renaissance” était peut-être un peu plus brutal. Cet album est peut être un peu plus varié et globalement moins violent. Et peut-être un peu plus mélodique.

Merci pour cet entretien.

Merci à toi

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L&T le 25.11.2024