interview
Gonezilla
A quelques semaines de leur 1ère date à Paris, rencontre avec Karen et Clément du groupe Gonezilla qui nous parlent de leur très bel album "Aurore" paru cette année et qui marquera l'histoire du combo lyonnais. Ils seront au Klub début décembre avec Barrabas et Conviction. Une belle rencontre au Black Dog à Paris.
L&T: Salut. On peut faire une petite présentation de "Gonezilla" ? Pourquoi ce nom d'ailleurs qui n'a pas, à priori, pas grand chose à voir avec la bête venue du Japon ?
Clément: Ah c'est un petit clin d'oeil quand même. On a créé le groupe il y a une dizaine d'année et on a commencé comme un groupe de covers Hard Rock. Et on cherchait un nom qui faisait à la fois référence à notre ville, Lyon, et le côté un peu imposant du métal. Et donc on a eu l'idée de mixer Godzilla, le fameux monstre japonais avec "gone" qui en patois lyonnais représente les jeunes de Lyon.
L&T: Et vous vous êtes trouvés comment ?
Clément: Alors j'étais le second guitariste d'un collègue de travail qui était chanteur. Et lui a rencontré le reste du groupe par petite annonce "Cherche musiciens pour faire groupe de covers".
L&T: Cet album est fait de beaucoup de contraste. Musicalement pour commencer, avec de gros riffs et des distorcions, mais aussi beaucoup d'atmosphère sombre et mélodique voir mélancolique, qu'est ce qui vous a poussé vers ces arrangements ?
Clément: Ca vient du début du groupe. Déjà sur le premier album on retrouve cet espèce de "clair-obscur" avec certains passages à l'intérieur même des morceaux. Même si il y avait assez peu de chants masculins à l'époque. Et on a eu beaucoup de retours très positifs là dessus. Et comme ça fonctionnait bien, plus le temps à passer, plus on a travaillé sur ces contrastes entre le chant clair féminin et le grawl masculin, mais aussi entre les passages plus lents et plus rythmés. Ca permet de garder une certaine attention de l'auditeur sur des morceaux qui sont quand même assez longs. Et surtout de ne pas être ennuyeux.
L&T: Comment pouvez vous vous définir musicalement ? Une sorte de "doom-prog" ? Ca peut exister ?
Clément: Ah il faut voir. Karen chante auusi dans un groupe de prog.... Alors pourquoi ?
Karen: Ah, ce n'est pas de moi que viennent ces influences. C'est surtout que Julien a écouté beaucoup de Pink Floyd et il a des influences prog qui sont plus sous-jacentes. Mais quand on a un bagage musical comme l'ont les membres de Gonezilla, forcément il y a des influences qui viennent se greffer sur le style de musique.Alors même si on est étiqueté comme "Doom Goth", il y a quand même des choses "prog" dans notre musique.
L&T: Et dans le contraste, on a aussi les voix différentes, chant clair féminin, voix saturée masculine, c'est ce qui apporte une couleur particulière à votre album ? Si on peut parler de couleur pour du Doom...
Clément: (rires) Effectivement, on va parler de nuances de gris (rires). Cela fait parti des outils qui nous permettent de proposer cette variété de "paysages sonores" à l'intérieur des morceaux. Et entre les morceaux aussi d'ailleurs.
Karen: Je pourrais même pousser l'analyse un petit peu plus loin. A savoir qu'on est vraiment sur du "clair-obscur". Pour moi, ce qui est représenté comme émotion, ce sont la tristesse et la colère, qui sont, en rélaité, très proches. Mais qui ont des façons de s'exprimer très différentes.
L&T: C'était évident que ça devait être ainsi dès le début, cette différence, ou bien c'est venu au fur et à mesure ?
Clément: Non. C'est venu au fur et à mesure. Sur le premier album, il y avait un petit peu de chant masculin par endroits. On trouvait intéressant de le faire, mais on ne voyait pas ça comme faisant partie intégrante de l'identité du groupe. C'est avec le recul après ce premier album qu'on s'est dit que les morceaux qui nous plaisaient le plus et qui fonctionnaient le plus, étaient ceux où il y avait cet espèce de mélange. Et plus le temps à passer et plus on est arrivé à un équilibre 50/50 entre les deux. Et aujourd'hui, on est vraiment arrivé au bon équilibre dans notre musique.
L&T: Ca vous a permis d'ouvrir plus le champs dans vos compositions ?
Clément: Je ne sais pas si c'est réellement rentré en compte dans les compos, mais c'est devenu une évidence dans les palettes d'émotions qu'on voulait exprimer.
L&T: On va parler "Aurore" votre dernier album. Où nous entrainez-vous avec ce nouvel opus ?
Clément: Comme sur les albums précédents, les contenus des morceaux et les textes sont des choses très souvent introspectives. On parle beaucoup d'émotions et du voyage intérieur que peut faire l'être humain à divers moments de sa vie. On est dans cette contuinité là. On est sur un travail qui est plus mélodique que ce que l'on a pu proposer avant. Beaucoup plus d'arrangements. De part le style, c'est un voyage qui peut être mélancolique et même assez triste. Mais, on a quand même une palette de couleurs qui est assez variée dans cet album.
Karen: Pas trop de couleurs quand même. Ca reste du Doom Metal !! (rires)
Oui c'est ça. Des nuances de gris comme je disais avant. On essaie par petites touches de proposer des choses un peu originales qui peuvent déstabiliser l'auditeur.
L&T: Est-ce un concept album ?
Clément: Oui et non. Quand on a commencé à travailler sur nos démos, on s'est rendu compte que plusieurs titres faisaient référence à la mythologie grecque ou romaine. Et, sans vouloir s'imposer l'exercice du concept-album, on s'est dit que se serait sympa d'avoir, en toile de fond, des sujets sur les mythes, principalement greco-romain, mais seulement car il y a un morceau où on est plus sur les mythes bretons celtes, arthuriens. Et sous ce couvert que sont les mythes, on peut parler de choses plus introspectives, plus contemporaines.
L&T: Qu'est ce qui vous attire dans ces domaines que sont les mythes, les légendes voir les anciens philosophes ?
Karen: Depuis tout le temps les myhes gréco-romains ont inspiré des pièces de théatre, des opéras, la peinture. C'est une réserve de métaphores exceptionnelles. C'est plein d'une imagerie qui est très très intéressante. Mais pas mal de choses dans ces myhtologie de choses seraient tabous par rapport à notre morale chrétienne. Ca nous ramène au titre "Aurore" qui est à la croisée donc de la déesse Aurore qui guide le soleil dans le ciel pour emmener la lumière sur terre, et de l'oeuvre de Nicht "Aurore, préjugé de la morale chrétienne" si on se fie à la traduction et qui est une critique justement de cette morale. Et donc, on se sert des métaphores de ces mythologies pour emmener à une introspection sur notre nature vs la morale qi nous est imposée par nos racines judéo-chrétiennes. Les mythologies sont vraiment des outils littéraires très intéressants.
Clément: C'est fascinant de se dire que plus de 2000 après, on peut toujours tirées des leçons de tout ça.
L&T: Je reviens sur les textes en français. C'est plus facile d'extérioser certains sentiments en français ?
Clément: Alors sur nos 1ères démos on avait un mélange des 2 langues, français et anglais, et on s'est vite aperçu que l'émotion que l'on voulait transmettre, on y arrivait mieux en français. Alors, il y a des contraintes qui sont plus difficiles que l'écriture en anglais. En anglais on peut se permettre d'écrire des choses un peu "passe partout" et ça va très bien passer car cela va très bien sonner. Mais en français, ce n'est pas comme ça. Il faut apporter une attention plus particulière aux textes. On a aussi décidé de basculer en langue française déjà par goût, avec l'envie de défendre notre langue. Mais aussi parce que c'est notre identité. Si c'était pour chanter en anglais et sonner comme les 200000 groupes sur Youtube, on ne voyait pas trop l'intérêt. Là, le choix en français peut être un peu clivant par moments mais au moins quand les gens entendent nos chansons, on peut avoir la prétetion de dire qu'ils savent que c'est nous. Après, tu aimes ou tu n'aimes pas, mais au moins on ne pourra pas nous faire le reproche de ne pas avoir essayer.
Karen: Et il y a toujours moyen de faire autre chose que du "je t'aime moi non plus". Mais le fait d'écrire en français permet d'emmener beaucoup de subtilités. Moi qui écrit en anglais dans mon autre groupe, il y a des fois où je veux exprimer des choses subtiles et je cherche des exemples de traduction mais j'ai beaucoup de mal à exprimer ces mêmes subtilités en anglais. J'arrive à des choses plus intimistes et plus transparentes quand j'écris en français. On a une langue hyper intéressante et ce serait dommage de ne pas l'utiliser.
L&T: Faire du Doom, et en chantant en français, c'est assez rare pour être signaler, qu'est ce qui vous a motivé, vos références musicales ?
Clément: Ah, il y a quelques groupes qui chantent en français. Je pense à Barabbas par exemple. Mais c'est vrai que sur l'ensemble de la scène Doom, on n'est pas très nombreux.
L&T: Comment vous avez travaillé pour cet album ? Ensemble, à distance ? Comment s'est déroulé le processus de création ?
Karen: Je suis arrivée en pleine pandémie, donc forcément, on a travaillé à distance. J'ai un peu investi dans du matériel donc, j'ai la capacité d'enregistrer chez moi. Enregistrer pour maqueter, pas les pistes définitives. Et on avait un système qui faisait qu'il n'y avait pas 2 jours qui passaient sans que l'on ne se parle et qu'on échange sur les morceaux que l'on était en train de travailler. Clément: On était très réactif des 2 côtés et ça nous a permis de travailler de manière très précise malgré la distance.
L&T: Pour le groupe, c'est une manière de travailler qui pourrait se reconduire ?
Clément: Oui. De part la distance, on aurait du mal à revenir en arrière. Mais quand on voit la manière dont cela s'est passé sur "Aurore" et la vitesse à laquelle on a pu composer l'album. Je pense que l'album a été écrit, maquetté et enregistré en 1 an malgré la distance là où sur les albums précédents, on avait mis plusieurs années pour le faire. Donc je pense qu'on va continuer comme ça, même si maintenant on répète physiquement ensemble. Mais sur l'écriture, oui, on va continuer comme ça.
L&T: Cet album a été composé pour de la scène, ou pas forcément ?
Clément: Oui. Même si on a travaillé avec des samples qui seront envoyés en façade. Pour la batterie, comme Eric est arrivé en début d'année, il ne joue pas forcément comme sur les pistes de l'album, mais c'est intéressant pour nous qu'il apporte son identité dans le groupe.
L&T: Quelles évolutions par rapport à "Chimères" ?
Clément: Ah. Je dirais que c'est presque le grand écart. "Chimères", on était dans un métal alternatif où on était 4 ou 5 à composer dans le groupe, un qui écrivait les textes, un autre les riffs, c'était un peu un pot-pourri de toutes nos influences où on ne se reconnaissait pas tous dans tout. Et on était plus dans du compromis. Pour "Aurore", l'intégralité de la composition a été assurée par Julien. Moi j'ai écrit les lignes de basse, et quelques riffs de guitares qu'on a échangé. Mais Julien a fait 90% de la composition. Karen et Julien ont écrit les textes à 2. Je dirais aussi qu'on est dans un style plus assumé. Disons qu'on se cherche moins que sur "Chimères" comme tout premier album. Maintenant on sait où on veut aller. Bon, on le savait déjà sur le EP précédent, mais, on n'avait pas les moyens de le faire. Là, avec "Aurore", on a vraiment réussi ce qu'on voulait. Pour ce qui est de l'avenir, je pense qu'on va rester dans cette veine là, tout en essayant, évidemment, d'évoluer et de faire de nouvelles choses. Mais, en terme d'identité, on s'est vraiment trouvé avec cet album.
L&T: Et pour toi, Karen, ça n'a pas dû être évident de travailler sur des textes très personnels avec quelqu'un que tu ne connaissais pas vraiment au début ?
Karen: C'est vrai qu'à l'époque où on a commencé à travailler ensemble avec Julien, on se connaissait peu. Mais, je ne me suis pas livrée entièrement, comme je l'aurais fait sur un projet un peu plus personnel. Julien a eu cette capacité à me faire tomber un peu la carapace et on a vite eu des échanges assez sincères et humainement assez profonds et intenses. Mais écrire à 2, c'était quelque chose que je n'avais jamais fait. Donc ça a été un exercice sur moi-même, sur le plan psychologique, pour accepter que quelqu'un puisse lire ou relire mes textes, mais surtout qui a le droit de me dire des choses dessus (rires). C'était nouveau pour moi (rires). Donc ça a demandé un peu de travail sur moi, mais c'était important et surtout bénéfique.
L&T: Un petit mot sur cette pochette d'album. Elle est vraiment à l'image de l'album, douceur et contraste. Qui a eu l'idée ?
Karen: C'est moi. Le premier morceau pour lequel j'ai écrit les paroles et tout le long de l'écriture, j'avais en tête cette peinture de John William Waterhouse "Echo et Narcisse". Et quand on a commencé à parler de l'artwork, qu'on a voulu emmener du classicisme, on a pensé à cette toile. Et comme la peinture d'origine est très vive en couleurs, j'ai abaissé la saturation et les contrastes pour emmener à presque du noir et blanc, mais pas tout à fait quand on regarde bien. Tout ça pour rester dans le thème de l'album.
L&T: Dernières questions rituelles chez nous : pouvez-vous définir le groupe en 2 ou 3 mots ?
Karen: Contraste.
Clément: Introspection.
Julien (qui nous a rejoint entre temps): Mélancolique.
L&T: Et pour terminer: quel est le dernier morceau ou le dernier album que vous avez écouté ?
Clément: Pour moi, j'ai écouté "Arcane Rain Fell" de Draconian.
Karen: Je crois que le dernier c'est Lux Incerta.
L&T: Merci à vous pour cette interview
Clément: Cool, merci à toi.
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https://www.facebook.com/GoneZilla
L&T Le 05.10.2022
L&T: Salut. On peut faire une petite présentation de "Gonezilla" ? Pourquoi ce nom d'ailleurs qui n'a pas, à priori, pas grand chose à voir avec la bête venue du Japon ?
Clément: Ah c'est un petit clin d'oeil quand même. On a créé le groupe il y a une dizaine d'année et on a commencé comme un groupe de covers Hard Rock. Et on cherchait un nom qui faisait à la fois référence à notre ville, Lyon, et le côté un peu imposant du métal. Et donc on a eu l'idée de mixer Godzilla, le fameux monstre japonais avec "gone" qui en patois lyonnais représente les jeunes de Lyon.
L&T: Et vous vous êtes trouvés comment ?
Clément: Alors j'étais le second guitariste d'un collègue de travail qui était chanteur. Et lui a rencontré le reste du groupe par petite annonce "Cherche musiciens pour faire groupe de covers".
L&T: Cet album est fait de beaucoup de contraste. Musicalement pour commencer, avec de gros riffs et des distorcions, mais aussi beaucoup d'atmosphère sombre et mélodique voir mélancolique, qu'est ce qui vous a poussé vers ces arrangements ?
Clément: Ca vient du début du groupe. Déjà sur le premier album on retrouve cet espèce de "clair-obscur" avec certains passages à l'intérieur même des morceaux. Même si il y avait assez peu de chants masculins à l'époque. Et on a eu beaucoup de retours très positifs là dessus. Et comme ça fonctionnait bien, plus le temps à passer, plus on a travaillé sur ces contrastes entre le chant clair féminin et le grawl masculin, mais aussi entre les passages plus lents et plus rythmés. Ca permet de garder une certaine attention de l'auditeur sur des morceaux qui sont quand même assez longs. Et surtout de ne pas être ennuyeux.
L&T: Comment pouvez vous vous définir musicalement ? Une sorte de "doom-prog" ? Ca peut exister ?
Clément: Ah il faut voir. Karen chante auusi dans un groupe de prog.... Alors pourquoi ?
Karen: Ah, ce n'est pas de moi que viennent ces influences. C'est surtout que Julien a écouté beaucoup de Pink Floyd et il a des influences prog qui sont plus sous-jacentes. Mais quand on a un bagage musical comme l'ont les membres de Gonezilla, forcément il y a des influences qui viennent se greffer sur le style de musique.Alors même si on est étiqueté comme "Doom Goth", il y a quand même des choses "prog" dans notre musique.
L&T: Et dans le contraste, on a aussi les voix différentes, chant clair féminin, voix saturée masculine, c'est ce qui apporte une couleur particulière à votre album ? Si on peut parler de couleur pour du Doom...
Clément: (rires) Effectivement, on va parler de nuances de gris (rires). Cela fait parti des outils qui nous permettent de proposer cette variété de "paysages sonores" à l'intérieur des morceaux. Et entre les morceaux aussi d'ailleurs.
Karen: Je pourrais même pousser l'analyse un petit peu plus loin. A savoir qu'on est vraiment sur du "clair-obscur". Pour moi, ce qui est représenté comme émotion, ce sont la tristesse et la colère, qui sont, en rélaité, très proches. Mais qui ont des façons de s'exprimer très différentes.
L&T: C'était évident que ça devait être ainsi dès le début, cette différence, ou bien c'est venu au fur et à mesure ?
Clément: Non. C'est venu au fur et à mesure. Sur le premier album, il y avait un petit peu de chant masculin par endroits. On trouvait intéressant de le faire, mais on ne voyait pas ça comme faisant partie intégrante de l'identité du groupe. C'est avec le recul après ce premier album qu'on s'est dit que les morceaux qui nous plaisaient le plus et qui fonctionnaient le plus, étaient ceux où il y avait cet espèce de mélange. Et plus le temps à passer et plus on est arrivé à un équilibre 50/50 entre les deux. Et aujourd'hui, on est vraiment arrivé au bon équilibre dans notre musique.
L&T: Ca vous a permis d'ouvrir plus le champs dans vos compositions ?
Clément: Je ne sais pas si c'est réellement rentré en compte dans les compos, mais c'est devenu une évidence dans les palettes d'émotions qu'on voulait exprimer.
L&T: On va parler "Aurore" votre dernier album. Où nous entrainez-vous avec ce nouvel opus ?
Clément: Comme sur les albums précédents, les contenus des morceaux et les textes sont des choses très souvent introspectives. On parle beaucoup d'émotions et du voyage intérieur que peut faire l'être humain à divers moments de sa vie. On est dans cette contuinité là. On est sur un travail qui est plus mélodique que ce que l'on a pu proposer avant. Beaucoup plus d'arrangements. De part le style, c'est un voyage qui peut être mélancolique et même assez triste. Mais, on a quand même une palette de couleurs qui est assez variée dans cet album.
Karen: Pas trop de couleurs quand même. Ca reste du Doom Metal !! (rires)
Oui c'est ça. Des nuances de gris comme je disais avant. On essaie par petites touches de proposer des choses un peu originales qui peuvent déstabiliser l'auditeur.
L&T: Est-ce un concept album ?
Clément: Oui et non. Quand on a commencé à travailler sur nos démos, on s'est rendu compte que plusieurs titres faisaient référence à la mythologie grecque ou romaine. Et, sans vouloir s'imposer l'exercice du concept-album, on s'est dit que se serait sympa d'avoir, en toile de fond, des sujets sur les mythes, principalement greco-romain, mais seulement car il y a un morceau où on est plus sur les mythes bretons celtes, arthuriens. Et sous ce couvert que sont les mythes, on peut parler de choses plus introspectives, plus contemporaines.
L&T: Qu'est ce qui vous attire dans ces domaines que sont les mythes, les légendes voir les anciens philosophes ?
Karen: Depuis tout le temps les myhes gréco-romains ont inspiré des pièces de théatre, des opéras, la peinture. C'est une réserve de métaphores exceptionnelles. C'est plein d'une imagerie qui est très très intéressante. Mais pas mal de choses dans ces myhtologie de choses seraient tabous par rapport à notre morale chrétienne. Ca nous ramène au titre "Aurore" qui est à la croisée donc de la déesse Aurore qui guide le soleil dans le ciel pour emmener la lumière sur terre, et de l'oeuvre de Nicht "Aurore, préjugé de la morale chrétienne" si on se fie à la traduction et qui est une critique justement de cette morale. Et donc, on se sert des métaphores de ces mythologies pour emmener à une introspection sur notre nature vs la morale qi nous est imposée par nos racines judéo-chrétiennes. Les mythologies sont vraiment des outils littéraires très intéressants.
Clément: C'est fascinant de se dire que plus de 2000 après, on peut toujours tirées des leçons de tout ça.
L&T: Je reviens sur les textes en français. C'est plus facile d'extérioser certains sentiments en français ?
Clément: Alors sur nos 1ères démos on avait un mélange des 2 langues, français et anglais, et on s'est vite aperçu que l'émotion que l'on voulait transmettre, on y arrivait mieux en français. Alors, il y a des contraintes qui sont plus difficiles que l'écriture en anglais. En anglais on peut se permettre d'écrire des choses un peu "passe partout" et ça va très bien passer car cela va très bien sonner. Mais en français, ce n'est pas comme ça. Il faut apporter une attention plus particulière aux textes. On a aussi décidé de basculer en langue française déjà par goût, avec l'envie de défendre notre langue. Mais aussi parce que c'est notre identité. Si c'était pour chanter en anglais et sonner comme les 200000 groupes sur Youtube, on ne voyait pas trop l'intérêt. Là, le choix en français peut être un peu clivant par moments mais au moins quand les gens entendent nos chansons, on peut avoir la prétetion de dire qu'ils savent que c'est nous. Après, tu aimes ou tu n'aimes pas, mais au moins on ne pourra pas nous faire le reproche de ne pas avoir essayer.
Karen: Et il y a toujours moyen de faire autre chose que du "je t'aime moi non plus". Mais le fait d'écrire en français permet d'emmener beaucoup de subtilités. Moi qui écrit en anglais dans mon autre groupe, il y a des fois où je veux exprimer des choses subtiles et je cherche des exemples de traduction mais j'ai beaucoup de mal à exprimer ces mêmes subtilités en anglais. J'arrive à des choses plus intimistes et plus transparentes quand j'écris en français. On a une langue hyper intéressante et ce serait dommage de ne pas l'utiliser.
L&T: Faire du Doom, et en chantant en français, c'est assez rare pour être signaler, qu'est ce qui vous a motivé, vos références musicales ?
Clément: Ah, il y a quelques groupes qui chantent en français. Je pense à Barabbas par exemple. Mais c'est vrai que sur l'ensemble de la scène Doom, on n'est pas très nombreux.
L&T: Comment vous avez travaillé pour cet album ? Ensemble, à distance ? Comment s'est déroulé le processus de création ?
Karen: Je suis arrivée en pleine pandémie, donc forcément, on a travaillé à distance. J'ai un peu investi dans du matériel donc, j'ai la capacité d'enregistrer chez moi. Enregistrer pour maqueter, pas les pistes définitives. Et on avait un système qui faisait qu'il n'y avait pas 2 jours qui passaient sans que l'on ne se parle et qu'on échange sur les morceaux que l'on était en train de travailler. Clément: On était très réactif des 2 côtés et ça nous a permis de travailler de manière très précise malgré la distance.
L&T: Pour le groupe, c'est une manière de travailler qui pourrait se reconduire ?
Clément: Oui. De part la distance, on aurait du mal à revenir en arrière. Mais quand on voit la manière dont cela s'est passé sur "Aurore" et la vitesse à laquelle on a pu composer l'album. Je pense que l'album a été écrit, maquetté et enregistré en 1 an malgré la distance là où sur les albums précédents, on avait mis plusieurs années pour le faire. Donc je pense qu'on va continuer comme ça, même si maintenant on répète physiquement ensemble. Mais sur l'écriture, oui, on va continuer comme ça.
L&T: Cet album a été composé pour de la scène, ou pas forcément ?
Clément: Oui. Même si on a travaillé avec des samples qui seront envoyés en façade. Pour la batterie, comme Eric est arrivé en début d'année, il ne joue pas forcément comme sur les pistes de l'album, mais c'est intéressant pour nous qu'il apporte son identité dans le groupe.
L&T: Quelles évolutions par rapport à "Chimères" ?
Clément: Ah. Je dirais que c'est presque le grand écart. "Chimères", on était dans un métal alternatif où on était 4 ou 5 à composer dans le groupe, un qui écrivait les textes, un autre les riffs, c'était un peu un pot-pourri de toutes nos influences où on ne se reconnaissait pas tous dans tout. Et on était plus dans du compromis. Pour "Aurore", l'intégralité de la composition a été assurée par Julien. Moi j'ai écrit les lignes de basse, et quelques riffs de guitares qu'on a échangé. Mais Julien a fait 90% de la composition. Karen et Julien ont écrit les textes à 2. Je dirais aussi qu'on est dans un style plus assumé. Disons qu'on se cherche moins que sur "Chimères" comme tout premier album. Maintenant on sait où on veut aller. Bon, on le savait déjà sur le EP précédent, mais, on n'avait pas les moyens de le faire. Là, avec "Aurore", on a vraiment réussi ce qu'on voulait. Pour ce qui est de l'avenir, je pense qu'on va rester dans cette veine là, tout en essayant, évidemment, d'évoluer et de faire de nouvelles choses. Mais, en terme d'identité, on s'est vraiment trouvé avec cet album.
L&T: Et pour toi, Karen, ça n'a pas dû être évident de travailler sur des textes très personnels avec quelqu'un que tu ne connaissais pas vraiment au début ?
Karen: C'est vrai qu'à l'époque où on a commencé à travailler ensemble avec Julien, on se connaissait peu. Mais, je ne me suis pas livrée entièrement, comme je l'aurais fait sur un projet un peu plus personnel. Julien a eu cette capacité à me faire tomber un peu la carapace et on a vite eu des échanges assez sincères et humainement assez profonds et intenses. Mais écrire à 2, c'était quelque chose que je n'avais jamais fait. Donc ça a été un exercice sur moi-même, sur le plan psychologique, pour accepter que quelqu'un puisse lire ou relire mes textes, mais surtout qui a le droit de me dire des choses dessus (rires). C'était nouveau pour moi (rires). Donc ça a demandé un peu de travail sur moi, mais c'était important et surtout bénéfique.
L&T: Un petit mot sur cette pochette d'album. Elle est vraiment à l'image de l'album, douceur et contraste. Qui a eu l'idée ?
Karen: C'est moi. Le premier morceau pour lequel j'ai écrit les paroles et tout le long de l'écriture, j'avais en tête cette peinture de John William Waterhouse "Echo et Narcisse". Et quand on a commencé à parler de l'artwork, qu'on a voulu emmener du classicisme, on a pensé à cette toile. Et comme la peinture d'origine est très vive en couleurs, j'ai abaissé la saturation et les contrastes pour emmener à presque du noir et blanc, mais pas tout à fait quand on regarde bien. Tout ça pour rester dans le thème de l'album.
L&T: Dernières questions rituelles chez nous : pouvez-vous définir le groupe en 2 ou 3 mots ?
Karen: Contraste.
Clément: Introspection.
Julien (qui nous a rejoint entre temps): Mélancolique.
L&T: Et pour terminer: quel est le dernier morceau ou le dernier album que vous avez écouté ?
Clément: Pour moi, j'ai écouté "Arcane Rain Fell" de Draconian.
Karen: Je crois que le dernier c'est Lux Incerta.
L&T: Merci à vous pour cette interview
Clément: Cool, merci à toi.
https://www.gonezilla.net/
https://www.facebook.com/GoneZilla
L&T Le 05.10.2022