interview
Armellino
Quand un Yann rencontre un autre Yann, de quoi parle-t-il ? Eh bien de son dernier album "Heritage Blend". Un superbe opus qui ravira tous les fans de musique 100% heavy blues and classic rock. Que du bonheur...
Salut Yann. Peux tu nous présenter ton nouvel album "Heritage Blend", et d’abord pourquoi ce titre ?
YA : Salut Yann, alors « Heritage Blend » est l’aboutissement de quelques années de travail.
Après les deux albums avec Butcho (Ex chanteur de Watcha), j’avais envie de renouer avec
quelque chose de moins « marqué », qui correspond plus à ma sensibilité musicale. J’ai
trouvé le titre presque au démarrage du projet, il reflète bien ce que j’avais en tête, à savoir,
rendre hommage à tout ce que nous avons écouté et qui nous a fait vibrer et évoluer, ce qui
va donc du Rock, au Hard rock, au Blues, Rhythm’n blues (le vrai !), la Soul. Je trouve qu’il
colle bien à ce que nous proposons.
Est-ce que tu peux nous présenter tes compagnons de route sur ce projet.
YA : Il y a mon frère Alban, à la batterie. J’ai débuté la guitare alors qu’il avait déjà deux
années de pratique, ce qui m’a permis d’acquérir un bon sens du rythme et également de
jouer un peu de son instrument. Jouer ensemble est un truc très naturel ; c’est assez
indéfinissable, on se comprend sans verbaliser nos envies. Jacques Mehard-Baudot est à la
basse, vous le connaissez mieux à la guitare (dans Jesus Volt). Je savais qu’il jouait
également de la basse et au moment de monter l’équipe, on lui a demandé de nous
rejoindre. Je le connais depuis des années, il était également à la guitare dans mon
précédent projet, c’est vraiment chouette de pouvoir faire encore un bout de chemin
ensemble. Vincent Martinez est au chant et à la guitare. On se connait depuis des années,
notre première rencontre date de 2007, il jouait à l’époque dans le groupe Jakes, power trio
que j’avais découvert lors d’une date parisienne, je m’étais pris une gifle, grosse énergie et
déjà un très bon niveau.
Dis moi, tu t’ai fait plaisir en partageant la guitare avec Vincent Martinez. Voilà du haut
niveau à la guitare. C’est presque un groupe de guitaristes, puisque Jacques est également
un excellent guitariste ?
YA : Merci. Partager les guitares avec Vincent est super motivant, on s’entend très bien
humainement et artistiquement, jamais de souci d’égo pour savoir qui va prendre tel ou tel
chorus, c’est un vrai partage. Quand on s’est décidé à monter le projet, c’est un peu
comme si on avait toujours travaillé ensemble. Vincent a un phrasé, un groove et une
expression musicale digne des plus grands, c’est un cadeau de jouer avec lui. Et en plus il
a une voix blues rock soul qui sert parfaitement le style. Et oui, nous avons en plus
Jacques qui, en plus de la basse, est un excellent guitariste, on envisage d’ailleurs de faire
quelques trucs à trois guitares…
Comment est venu ce projet ? Est ce que tu avais ça dans tes tiroirs, et tu t’es dit qu’il était
temps de le sortir ?
YA : Comme je te le disais plus haut, Vincent et moi nous nous connaissons depuis un
paquet d’années, j’ai toujours gardé une oreille attentive à ce qu’il faisait artistiquement,
notamment avec Carousel Vertigo que je trouvais vraiment très bon. Quand il a quitté le
groupe, nous avons pensé que c’était le bon moment pour commencer à travailler
ensemble (enfin !). Il y a des évidences qui mettent du temps avant de se concrétiser.
Nos calendriers respectifs se sont bien alignés et nous ont permis d’envisager le projet donc
finalement, rien de prémédité mais juste l’envie de se réunir et partager une chouette
aventure musicale.
Difficile de définir musicalement cet album tellement vous promenez dans les divers
chemins du rock et hard rock. Comment toi, tu pourrais le définir ?
YA : 100% heavy blues / classic rock (rire) et en plus c’est écrit dessus (rire bis).
Je considère que l’on fait du hard rock tendance bluesy « à l’ancienne » qui est finalement
un style qui perdure malgré les modes changeantes…Entre blues et hard rock, la frontière
est souvent très mince, quand tu écoutes des artistes comme Joe Bonamassa, Kenny
Wayne Shepherd ou Richie Kotzen, on est à la lisière des genres. Prends par exemple les
trois premiers albums de KISS, c’est très 70’s, plus rock que hard rock avec des sons tirant
vers le crunch, assez éloignés des grosses saturations qui décoiffent. Idem sur les
premiers albums d’Aerosmith.
On revient toujours, mais en est-on vraiment sorti, vers le rock des 70s et 80s, cela reste
toujours la référence aujourd’hui ?
YA : Heureusement qu’on revient toujours aux fondamentaux (rire) ! Je pense que ça va
rester la référence pendant encore très longtemps. Quand on voit la richesse de production
des 70’s, ça laisse rêveur…Led Zeppelin, Deep Purple, Kiss, Aerosmith, Van Halen, Thin
Lizzy, Whitesnake, la liste est longue. Il y avait à l’époque un « sonner vrai » que l’on a
perdu dans les années 90 avec des productions souvent noyées dans la réverbe. On peut
observer le même genre d’excès dans le rap actuel ou tous les nouveaux artistes utilisent à
outrance l’Auto Tune, je doute que cela vieillisse bien…Concernant notre style favori, on est
revenu à des sonorités plus naturelles, plus organiques et c’est tant mieux. J’en profite pour
vous donner mes conseils d’écoute du moment : Austin Gold (UK,), Karma Effect (UK) et
Connolly Haye (UK), toujours très prolifiques les anglais ! La chanteuse guitariste américaine
Arielle (et son fameux combi Volkswagen 70’s, son album « 73 » n’a pas quitté ma platine),
sans oublier les français Red Beans & Pepper Sauce, Jessie Lee & The Alchemists, Little
Odetta, Rozedale, Mat Ninat.
Comment vous avez travaillé ? Qui a fait quoi ?
YA : Vincent et moi avons fait plusieurs sessions de travail dans lesquelles il en ressortait
des idées à faire mûrir. Avant de faire la moindre démo des titres, nous les avons joué un
certain nombre de fois à deux guitares. Une fois que l’on sentait que le schéma se mettait en
place, on pouvait passer à l’enregistrement. Donc ça a vraiment été un travail d’équipe.
Nous sommes partis d’une page blanche concernant les compositions, je ne voulais pas me
servir d’idées que j’avais mises de côté, pour garder de la spontanéité.
Comment vous avez enregistré ? Genre “one shot” oui bien vous avez remis le couvert
jusqu’au morceau “parfait” ?
YA : Alors plutôt « one shot » même si on est revenu sur quelques titres mais j’aime bien la
dynamique que cela apporte, ce qui donne une dimension assez « live » à l’ensemble. Je
tiens à souligner le travail remarquable qu’a fait Didier Théry à la réalisation, c’est lui qui a
donné ce « son » à l’album. C’est un des moments que je préfère dans le processus de
création d’un nouvel album. Après avoir transféré toutes tes pistes chez le réalisateur et que
ce dernier te renvoi les titres mixés, tu redécouvres les titres ou tous les instruments ont
trouvés leur place, c’est assez magique.
Quand on écoute cet album, on n’a pas envie que cela s’arrête, dis moi qu’il y a ou aura
une suite à ce premier opus avec cette formation ? Vous avez des titres “cachés” que vous
n’avez pas publiés et qu’on pourrait retrouver sur un album ou même sur scène ?
YA : Merci. J’espère bien qu’il y aura une suite à cet album et avec cette formation. Nous
avons travaillés 17 titres et il n’y en a « que » 11 sur « Heritage Blend » donc nous avons
déjà un peu de matière pour lui donner une suite. On jouera d’ailleurs quelques « inédits »
sur scène. On avait la volonté de faire un album assez court et ne pas tout donner dès le
départ. Déjà, j’aurai tendance à penser que sortir un album aujourd’hui reste un truc assez
ambitieux, on en est plus à parler de « son », de « playlist » etc. ça me désole un peu mais
c’est malheureusement comme ça que l’on « consomme » de la musique en 2024…Je
reste malgré tout attaché à la notion d’album, qui raconte une histoire, ou l’on a réfléchit
aux enchainements entre les titres avec un début, un milieu et une fin.
D’ailleurs en parlant de scène, vous avez des dates prévus ?
YA : Nous y travaillons. Dans un premier temps, nous allons contacter beaucoup de salles et
essayer de trouver un tourneur, c’est le nerf de la guerre ! Il devrait bientôt y avoir des gigs
annoncés. Nous avons également quelques pistes pour des festivals l’année prochaine.
L’idée est de défendre l’album jusqu’à fin 2025.
2 reprises, une de Thin Lizzy, et une de Etta James, c’est un choix commun à tous je
suppose, c’est assez large comme éventail musical, Pourquoi ces morceaux ?
YA : J’ai toujours eu l’habitude de faire une petite cover de la Motown dans mes
précédents albums, c’est une façon de célébrer ce répertoire qui est une vraie mine d’or
tant dans les compos que dans les grooves, j’ai récemment revu la prestation de Sly Stone
dans l’émission Midnight Special de 1973, grosse claque et belle leçon de groove. Nous
avons eu l’idée de « Fire » assez vite (même si on est passé de la Motown à Chess…) et
Vincent a demandé à Jessie Lee Houllier de venir la chanter, elle a accepté et son
interprétation est vraiment top. Merci pour ce beau cadeau.
Après « Fire », on avait bien envie de faire une autre reprise se rapprochant plus de
notre style. Thin Lizzy est un des coups de cœur que nous avons en commun, restait à
trouver le bon titre. On s’est dit que reprendre un morceau plus rock de leur répertoire
était un peu trop « attendu » donc le choix de « Dancing In The Moonlight » est venue
assez naturellement. J’aime beaucoup l’interprétation tout en finesse de Vincent sur ce
titre, pas facile à chanter.
Que va-t-on retrouver en concert, l’album ça d’accord, mais quelques surprises aussi ?
YA : Oui, on vous a concocté quelques petites surprises en plus des titres de l’album. Je ne
vais pas les révéler maintenant…un peu de patience.
Un petit mot pour finir sur la superbe pochette de cet album ? Qui a eu l’idée, qui l’a
réalisée ?
YA : La pochette a été réalisée par Laurent Bodson qui est un artiste peintre bourré de
talent. Elle a été plusieurs fois modifiée pour arriver à ce résultat. Au départ, j’avais imaginé
un Pub anglais, intérieur ou extérieur mais Laurent a été super inspiré avec ce Music Shop
qui devrait vous en rappeler un autre, une des pièces maitresse d’un film musical culte avec
deux associés aux lunettes noires. Il a poussé le souci du détail jusqu’à mettre seulement
des guitares Ibanez en vitrine. On ne souhaitait pas apparaitre sur la cover, l’idée d’une
illustration originale s’est vite imposée. Cette ruelle un peu sombre, ce tag sur la gauche,
j’aime beaucoup l’ambiance générale. La pochette a ensuite été finalisée par 311mph,
agence de photo, designer et graphisme, qui a aussi fait un super boulot et su mettre en
valeur l’illustration. On envisage sérieusement un vinyle pour début 2025.
Un grand merci pour cette interview. J’ai adoré cet album et vraiment vivement de vous voir
sur scène…. Et à côté, histoire de partager un petit verre tous ensemble
YA : Merci à toi. Et avec plaisir le partage d’un petit single malt tous ensemble !!
https://www.facebook.com/yann.armellino