interview

Wntrhltr
Rencontre avec Thomas, le chanteur/guitariste de "Wntrhltr". Un nom étrange, imprononçable mais dont l'album "Deu.Ils" ne laisse pas indifférent. Un artiste attachant qui nous de cet opus et de son groupe.

L&T: Salut. Deux définitions d'après le dossier presse pour "Winterhalter": laquelle convient le mieux: le peintre "Franz Xaver Winterhalter" et son existence compliquée, qui pourrait bien se rapprocher de pas mal de vos textes, ou la version signifiant "Gardien de l'Hiver" ?
Thomas: Salut. Alors on va prendre la version du peintre "Franz Xaver Winterhalter". Le "Gardien de l'Hiver" c'est plutôt un côté meute et rassemblement. Pour le peintre, c'est plutôt son histoire qui m'a aidé à écrire sur cette question de la dualité. Car lui était issu d'une famille très pauvre, allemande, et il s'est retrouvé sur le devant de la scène en devenant peintre à la cour d'Angleterre. Quand il revenait en Allemagne, c'était un "pourri vendu, t'es un anglais" et en Angleterre, c'était tout l'inverse. C'est cette question de dualité qui est omniprésente dans l'album.

L&T: Tu aimes les choses compliquées non ? Le nom du groupe sans voyelles, imprononçable....
Thomas: En fait c'est parce que j'avais envie de "resserrer" tout ça comme un peu un nom de culte. Pour que le gens qui comprennent soient dans la confidence, un peu comme un secret que l'on peut dire à l'un ou l'autre mais pas à tout le monde. Bon, là, du coup, c'est tombé un peu à l'eau avec les interviews de présentation de l'album (rires). Mais voilà, je voulais un petit côté mystique et mystérieux.

L&T: Et le titre de cet album "Deu.Ils", je ne sais pas non plus, comment il faut le prononcer ?
Thomas: (rires) En fait il faut le prononcer "Deuils". Comme "Deuils" au pluriel, mais écrit en "DEU et ILS". Tout ça pour rester dans le thème de la dualité.

L&T: On va parler "Deu.Ils" ton dernier album. C'est un album noir, mélancolique, quels thèmes vous développez ?
Thomas: Je pense qu'il est plus sombre que noir. Ce serait également plus "désespoir" que mélancolique. Mais désespoir avec de la lumière qui arrive au bout. C'est très sombre sur les 2 premiers morceaux, mais, à la fin on reprend de la force. On s'aperçoit que ce n'est pas la fin du monde. Et on se relève. A partir de là, c'est la lumière qui arrive et on s'accepte et on s'autorise à souffler.

L&T: Quel est le thème, ou les thèmes que tu abordes dans cet album ?
Thomas: La dualité, mais ça on en a parlé. La vision des autres. Plutôt la vision que les autres peuvent avoir de nous. Ce sont des envies que les autres nous prennent comme on est. Mais qu'ils ne nous voient complètement tel que nous sommes. C'est un peu compliqué de paraître et de garder quelques secrets.

L&T: Cet album est un exutoire ? Une manière d'extérioriser des sentiments voir des angoisses qui te touche de près ?
Thomas: Oui. C'était le rapport avec mon père. Sur le single "Light", c'est accepté ses démons, ce qui nous fait du mal et réussir à passer au dessus. Tout simplement. Il n'y a plus de questions de dualité. Pour "Caught", c'est plus l'acceptation de notre quotidien. On sait qu'on est là, pas pour très longtemps, pour une période donnée, et il faut arriver à l'accepter car il n'y a rien qui nous permettra de passer au delà, ni au travers.

L&T: C'est une thérapie cet album?
Thomas: C'est une thérapie oui. Pour la petite anecdote, j'ai commencé une thérapie il y a maintenant 5 ou 6 ans par rapport à pleins de questions car je sortais d'une relation qui n'était pas très saine, et on peut dire que c'est l'aboutissement de la thérapie.

L&T: Dans la présentation il y a cette phrase "Au départ, vu comme un album solo, Deu.Ils m’a servi à sortir les mots que je n’arrivais à dire". Pourquoi ne pas avoir fait un album solo ?
Thomas: J'avais besoin de m'appuyer sur d'autres musiciens pour ne pas aller dans un sens où je m'enfermerais moi-même. Que ce soit dans un style ou dans certaines idées. Et quand j'ai fait écouté mes premiers morceaux à Marc le batteur, il m'a dit que c'était génial et qu'il fallait qu'on travaille ensemble. C'était pareil avec Angie, l'ancienne bassiste, et avec Camille l'ancien guitariste. Ils ont participé à compléter l'ensemble. Et finalement, cela a donné quelque chose d'inattendu car j'étais, au départ, parti sur de la Dark Folk. En fait, ils m'ont aidé à trouver d'autres pistes musicales. Angie par exemple est plus dans des influences punk et stoner, et ça a donné énormément de groove à certaines parties des morceaux.

L&T: Du coup, comment tu peux le définir musicalement cet album ?
Thomas: Compliqué (rires). Ca reste sombre. Mais il y a un côté post-hardcore et post-metal qui domine. Certains côté black ambient sur certains riffs. Mais je dirais oui, post-hardcore et post-metal.

L&T: Comment vous avez travaillé pour cet album ? Qui a fait quoi ?
Thomas: Je suis arrivé avec toutes les compos de base de guitares. Et ensuite on travaillé tous ensemble sur tous les instruments. Il n'y a que sur "Lights" où je suis arrivé avec une proposition de musique déjà finie.

L&T: Les textes, tu les avais déjà, ou ils sont venus avec la musique ?
Thomas: Non, j'avais déjà des choses. J'avais des pages de textes écrites et qu'en fait j'ai adapté à la musique. Je voulais d'abord passer par l'émotion musicale et dans un second temps adapté les textes. L'idée des textes était déjà là. Il fallait juste les faire coller avec la musique. A partir du moment où la musique me convenait et qu'elle était cohérente avec ce que j'avais envie de ressentir et que les gens ressentent, j'adaptais les textes.

L&T: Pourquoi le choix de Laure le Prunenec pour venir sur cet album ?
Thomas: C'est une très grande amie. Et à la base, encore un petit scoop, j'avais pris des cours de chant et de techniques vocales avec elle pour faire du chant clair. Bon, il y a eu la Covid. Elle était à Los Angeles pour des albums, donc ça n'a pas pu se faire comme on le voulait, et du coup, je lui ai proposé de participer sur l'intro. J'aurais dû chanter sur l'intro, mais c'est elle qui a pris le lead. Et j'en suis très content (rires). Je ne pense pas que j'aurais été capable de faire la même chose.

L&T: Qu'est ce qu'elle t-a apportée ?
Thomas: Sur le prologue, pas grand chose car j'avais déjà le texte et elle n'a que, si j'ose dire, posée sa voix. Par contre sur "Deu.ils" c'est une coollaboration entre tous les 2. C'est le tout dernier morceau de l'album, et c'est vraiment le point d'orgue où on part quasiment en "total free style". Et du coup, elle m'a apporté une vision encore plus ouverte qui fait qu'on peut avoir une approche totalement différente, mais qui reste cohérente. Plus de barrières. Une ouverture musicale.

L&T: Cet album a été composé pour de la scène, ou pas forcément ?
Thomas: Oui totalement. Même si c'est un travail introspectif, le but est de le pousser sur scène au maximum, pour justement extérioriser tout ça. On cherche pas forcément des dates partout. On fera une release party sûrement au mois de spetembre, mais l'album est bien prévu pour aller sur scène. Le temps d'avoir une set list carrée, de prévoir des choses sympa pour le live et d'avoir également quelques nouveaux titres à proposer.

L&T: Est ce que c'est un album que tu pourrais quand même jouer solo, en acoustique ?
Thomas: Oui. J'y pense. C'est au programme. C'était la base de mon projet que de le faire en solo. Et je pense que ça sortira un jour ou l'autre.

L&T: Pourquoi ce choix de "Light" comme 1er single ?
Thomas: Parce que ça reste une force. Une idée du combat contre les idées que l'on peut avoir quand on broie du noir. Juste la force de se dire "je me lève et j'affronte tout ça". C'est vraiment quelque chose qui me tenait à coeur et que je voulais mettre en avant. "Sonar" est sombre. C'est le 1er morceau que j'ai écrit en 2019. "Caught" et "Sonar" sont très très sombres. Après on retourne sur le côté lumière. "Adored" a un côté vraiment très lumineux. Et "Light" est un peu entre les 2. Ca ne va pas au départ mais après on se dit que "oui ça va" quand on se prend un petit en main. On rejoint les 2 univers très sombres et très lumineux en même temps.

L&T: Un petit mot sur cette pochette d'album. Elle est belle, forte en même temps ? Ces 2 cercles qui cherchent à se rejoindre.
Thomas: Comme c'était mon père, c'était le même sang donc le côté rouge. Les 2 demi cercles sur le côté de la pochette, c'était la séparation et la dualité, encore une fois. Et le cercle représente un cycle. Bref on est dans cette tonalité là.

L&T: Dernières questions rituelles chez nous : peux-tu définir le groupe, puisqu'au final c'en est un, en 2 ou 3 mots ?
Thomas: C'est une bonne question. Je ne m'attendais pas à ça. Je dirais force, inspiration et une voie. Une voie dans le sens "chemin", pas pour chanter. (rires)

L&T: Et pour terminer: quel est le dernier morceau ou le dernier album que tu as écouté ?
Thomas: Ah, j'ai écouté "Turnstile", leur dernier album "Glow On". J'aime leur style et l'énergie que les mecs ont sur scène. Au départ je viens du hardcore et j'avais entendu 2 ou 3 morceaux, et je n'avais pas trop accroché. Mais finalement, cet album est extraordinaire. Ca a une patate énorme et ça joue.... Incroyable.

L&T: Tu viens du hardcore. Tu pourrais y retourner après cet album?
Thomas: Non non. Car j'ai plus le côté sensible du dark et que le côté rentre dedans du Hardcore. Même si j'adore ça et que je vais toujours me défouler dans le pit. Mais ce n'est pas ce que j'ai envie de faire.

L&T: Merci
Thomas: Merci à toi.


https://wntrhltr.bandcamp.com/
https://www.facebook.com/wntrhltr




L&T Le 13 Juillet 2022
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